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Suez : pour Gérard Mestrallet, ex-président d'Engie, « l'approche de Veolia est hostile »

PUBLIÉ LE 20 JANVIER 2021
FLORÉANE MARINIER
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Suez : pour Gérard Mestrallet, ex-président d'Engie, « l'approche de Veolia est hostile »
Gérard Mestrallet au Sénat (Capture d'écran)
Auditionné par le Sénat, l’ancien président d’Engie approuve la proposition des fonds Ardian et Global Infrastructure Partners, soutenue par Suez contre le projet d’OPA de Veolia. A contrario, Gérard Mestrallet s’est montré critique envers la façon de faire du concurrent de Suez.

« L’approche de Veolia est hostile et les propos qui s’échangent ne sont pas amicaux. Hostile car les conditions dans lesquelles Suez a été approché, in fine, ne permettent pas discussions sereines dans l’intérêt des deux groupes. » Consulté ce matin au Sénat, Gérard Mestrallet a fait part de ses critiques envers le projet de rachat de Suez par Veolia, après l’acquisition des parts d’Engie. L’ex-numéro un d’Engie, désormais président d’honneur, avait déjà exprimé son désaccord dans une tribune au Figaro, en septembre 2020. 

Démantèlement annoncé

Selon Gérard Mestrallet, le « champion de la transition écologique » voulu par le PDG de Veolia, Antoine Frérot, a tout du colosse aux pieds d’argile : « Veolia qui veut lancer une OPA sur 100% capital de Suez devra payer les 10 milliards d’euros nécessaires à l’OPA, en plus d’une dette de 10 milliards d’euros. Le groupe a déjà 12 milliards d’euros de dettes. Passer de 12 milliards à 32 milliards d’euros de dettes, ce n’est pas supportable. Quelle est la seule façon de réduire cette dette ? La cession d’actifs. Le résultat de cette opération, peut-être même est-ce le but non avoué, si elle se fait, c’est que Veolia aura détruit son grand concurrent », analyse-t-il, rejoignant les accusations de démantèlement de Suez portées par son conseil d’administration et par certains élus. Selon lui, le mastodonte nouvellement créé, qui représenterait 5% du marché privé de l’eau et de l’assainissement, ne pourrait pas assurer le leadership mondial porté par Veolia et Suez sur le marché privé de l’eau et de l’assainissement :  « On ne sera plus en mesure d’avoir cette école de l’eau qui existe en France depuis le 19e siècle. Le rachat de l’un par l’autre aboutirait à une cession. De l’autre côté, Veolia aura grandi en chiffre d’affaires, mais sera affaibli par sa dette ». Il estime que la promesse de 500 millions d’euros de synergies opérationnelles ne peut pas se concrétiser sans toucher aux emplois de Suez, malgré les engagements de Veolia. Pour rappel, la direction actuelle de Suez estime que le groupe pourrait perdre entre 4.000 et 5.000 emplois à cause de la fusion. 

En revanche, s’il ne connaît pas les détails de la lettre d’intention d’Ardian et Global Infrastructure Partners, il « [l’accueille] favorablement » : « C’est un projet industriel qui mérite toute l’attention de Veolia. L’objectif est de garantir l’indépendance et le non démantèlement de Suez », fait-il valoir. Et d’appeler les deux géants à « se parler et chercher une solution sans préalable : peut-être qu’en discutant ils trouveront une troisième voie, négociée, amiable. Quand Antoine Frérot dit que la revente n’est pas négociable, je dis que si on veut 2 groupes français, il est impensable que l’un soit actionnaire à 30% de l’autre. » Il approuve aussi l’annonce d’Éric Lombard, patron de la Caisse des dépôts, qui se dit dans une interview aux Échos prêt à « intervenir en soutien d’une solution négociée, qui permettrait de consolider deux grands groupes français » via un « ancrage actionnarial »

Une cession déjà prévue

Par ailleurs, Gérard Mestrallet n’est pas opposé à la cession de Suez par Engie, et indique y avoir déjà songé lors de son mandat : « Je l’avais dit à Jean-Luc Chaussade [alors directeur général de Suez, NDLR] : le jour où nous aurons possibilité d’expansion dans l’énergie, on rendra sa liberté à Suez, de façon concertée. Je m’y serais pris différemment : c’était à Engie de fixer le calendrier et de ne pas se laisser imposer par Veolia. » L’actuel président d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, avait confirmé s’être adapté au calendrier fixé par Veolia, tout en ayant réussi à négocier une semaine de plus. Interrogé sur le rôle de l’État dans la cession, il indique que même sa golden chair au sein du conseil d’administration n’aurait pas pu lui permettre d’opposer son veto. Selon lui, elle ne servirait que dans le cadre d’une cession d’actifs gaziers stratégiques, et fait suite à un vote du Parlement en 2006 concernant la privatisation de GDF. Interrogé sur la possible privatisation des barrages, Gérard Mestrallet assure ne pas s’inquiéter : « Ça fait 20 ans que la France est obligée de mettre en concurrence ses concessions hydroélectriques, il n’y a pas de raison que ce fonctionnement disparaisse. » 
 
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