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RECYCLAGE & RÉCUPÉRATION

Romain Challamel : « Un déstockage supplémentaire de Stocamine aurait été trop dangereux »

PUBLIÉ LE 26 OCTOBRE 2020
EVA GOMEZ
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Romain Challamel : « Un déstockage supplémentaire de Stocamine aurait été trop dangereux »
En janvier 2019, le gouvernement a décidé de renoncer à la poursuite d’un déstockage partiel des déchets enfouis dans le site de stockage de déchets de Stocamine, situé à Wittelsheim dans le Haut-Rhin. En février 2019, François de Rugy a tout même lancé une étude de faisabilité, afin de confirmer son choix. Entretien avec Romain Challamel, directeur technique du projet de confinement définitif MDPA Stocamine.

Pouvez-vous rappeler l’historique de ce site de stockage de déchets ?

Au départ la société Mine de potasse d’Alsace (MDPA) était une grande société minière. En 1997, elle a ouvert un stockage de déchets souterrain pour deux raisons : utiliser un site géologique opportun pour abriter le seul stockage de déchets dangereux français (Stocamine) et reconvertir le bassin d’emplois tout en bénéficiant d’infrastructures déjà existantes dans la mine. Le site Stocamine a démarré en 1999 avec des déchets de classe 0 ou 1. Dans l’arrêté d’autorisation, cette installation classée pour l’environnement était soumise à un principe de réversibilité. Sous 30 ans, les déchets pouvaient être ressortis s’il existait une nouvelle solution pour les stocker, les valoriser ou les traiter. Ou bien si un problème environnemental était survenu dans le stockage. Le stockage a fonctionné trois ans, avec 45.000 tonnes de déchets. Puis un incendie en 2002 a mis fin à l’exploitation, qui n’a jamais repris. La direction de l’époque a été jugée responsable par manquement et non respect du cahier des charges. En 2008, un liquidateur amiable a été nommé pour fermer le stockage en toute sécurité avant de liquider l’entreprise.

Entre 2008 et aujourd’hui, des études scientifiques et techniques ont été menées ainsi que des concertations publiques. Un comité de pilotage a été mis en place et une enquête publique a été menée pour la demande d’autorisation de fermeture du stockage. Celle-ci a été autorisée en mars 2017 par un arrêté préfectoral.

Quand le déstockage a-t-il débuté ?

Entre 2008 et 2019, à la demande de Ségolène Royal, un déstockage partiel a été mené. 93% des déchets mercuriels ont été déstockés entre 2014 et 2017. En 2019, le gouvernement a demandé une étude de faisabilité d’un déstockage supplémentaire, sans empêcher le confinement.

Les déchets restants seront donc confinés ? N’y a-t-il pas un risque environnemental ?

Oui, les exploitants doivent confiner les déchets restés au fond. Dans la balance des risques, il s’agit de la meilleure solution. Mais dans un souci d’apaisement et d’écoute des populations et des opposants, François de Rugy, alors ministre de la Transition écologique, a voulu étudier une ultime fois la faisabilité et l’intérêt environnement d’un déstockage supplémentaire. Le stockage est situé dans une mine de sel et les conditions se dégradent : le sel se referme autour des déchets, ce qui était son rôle dès le départ. Un tel site de stockage a un caractère auto-cicatrisant. Le phénomène est en route et un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) datant de 2018 indique qu’à partir de 2027, il sera très difficile d’intervenir au niveau du stockage pour retirer les déchets. Il est donc prescrit de fermer les installations d’ici 2027, sans fermer les puits, pour une fermeture définitive fin 2028.

Du point de vue de MDPA Stocamine, un déstockage supplémentaire serait-il envisageable ?

Sur la base de toutes les études menées entre 2008 et 2019, l’exploitant est clairement en faveur du confinement, que ce soit du point de vue des bénéfices ou de l’efficacité. Un déstockage s’avérerait trop risqué pour les opérateurs : il est difficile d’intervenir dans les blocs avec des conditions minières très dégradées et le toit est fortement instable, sans compter le contact des déchets et les conditions chimiques et d’air, qui limitent les sens du mineur. Ce sont des travaux très délicats, dans des espaces très exigus. Les déchets sont répartis de façon à prévenir le risque chimique. De fait, aller chercher une catégorie nécessite de déplacer d’autres blocs, ce qui est risqué et très délicat. Nous avons une expérience de déstockage de trois ans – qui au départ devait durer un an – lors de laquelle il y a eu deux « presque accidents ». Il s’en est fallu de peu pour avoir des victimes chimiques. Quant au déstockage mécanisé à l’aide d’engins à fourche ou à pince, il reste difficile du fait qu’ils seraient comprimés dans des enceintes de sel.
Par ailleurs, une fois déstockés, il faudrait amener ces déchets sur un nouveau lieu de stockage en Allemagne – augmentant les risques environnementaux en cas d’accident – avant un restockage dans une mine de sel qui aurait des caractéristiques similaires à Stocamine.

Comment va se dérouler le confinement définitif ?

Le confinement a déjà été acté en 2017 et il se prépare. Il repose sur des ouvrages-clés, que sont des barrages en béton. Ceux-ci ont vocation à ralentir l’arrivée d’une saumure ou d’un ennoyage pour une durée de mille ans. Les parties vides seront remblayées et un sondage de décompression sera déployé entre la surface et le stockage, pour atteindre une cible drainante au cœur du stockage. Ce sondage est un ouvrage de surveillance et de secours : en cas de problème environnemental imminent, il sera possible de forer dans le stockage et de pomper pour éviter la dispersion de polluants. Ces travaux devraient débuter en 2021 et s’achever fin 2023. S’ensuivra une période de trois ans de surveillance et deux ans de fermeture, jusqu’à fin 2028.
DR
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