Un robot planeur sous-marin va sonder pendant plusieurs semaines, l’un des gyres (tourbillon d’eau) du lac Léman : « notre objectif est de mesurer la turbulence dans les gyres aussi précisément que possible, afin que nous puissions en apprendre davantage sur la façon dont l’hydrodynamique affecte l’environnement du lac », explique Alexander LeBaron Forrest, professeur à l’Université Davis en Californie.
Evaluer l’impact du gyre sur les nutriments, la réoxygénation et le phytoplancton
« Les gyres océaniques, induits par les courants et la rotation de la Terre, mesurent des milliers de kilomètres de diamètre (…) et peuvent notamment provoquer l’accumulation des déchets plastiques, formant d’immenses vortex de détritus », est-il expliqué. Or, le lac Léman peut voir se former deux gyres d’une dizaine de kilomètres de diamètre entre juin et octobre.
Les chercheurs souhaitent ainsi récolter des données sur l’un de ces gyres, notamment pour savoir ce que le tourbillon transporte sur les rives et dans le milieu du lac, connaître son impact sur les nutriments qu’il pousse vers la surface ou aspire dans les profondeurs et son rôle dans la réoxygénation de la surface de l’eau. Il s’agit également de « comprendre si ce processus de mélange dû au gyre affecte la structure et la distribution du phytoplancton dans le lac », ajoute Oscar Sepulveda du laboratoire de physique des systèmes aquatiques (APHYS) de l’EPFL.
Un sondage jusqu’à 250 mètres de profondeur
Ce robot sous-marin a déjà traversé l’Atlantique pour collecter des données afin de « mieux comprendre son impact sur la structure tridimensionnelle de l’écosystème aquatique », rappelle l’EPFL dans son communiqué. Il est équipé de capteurs intégrés et peut se déplacer pendant plusieurs jours dans le gyre du lac Léman, jusqu’à 250 mètres de profondeur. Il refait surface toutes les quatre heures afin de transmettre ses données via une connexion satellite.
« Jusqu’ici, les données étaient récoltées grâce à des capteurs attachés à un filin et descendus à la verticale du bateau. Avec cette technique, nous avons beaucoup appris sur les turbulences, sur les échanges avec les sédiments, mais c’était de manière très localisée », explique Johny Wuest, qui dirige le laboratoire APHYS à l’EPFL. « Grâce à ce planeur de l’Université Davis, nous allons pouvoir sonder de très grandes zones du tourbillon », se réjouit-il.