Comment inciter les ménages à rénover leurs logements ? Dans les ministères, on se creuse la tête pour répondre à cette question. Mais sur le terrain, l'Association nationale des compagnons bâtisseurs (ANCB) aide déjà un public précaire à passer à l'acte. Son directeur, Hervé Cogné, a rencontré la ministre du Logement, Cécile Duflot, le 7 février. Quelques jours plus tôt, l'ANCB avait clôturé à Lille une expérimentation où elle formait, pour la première fois, d'autres structures à sa démarche : l'autoréhabilitation accompagnée (ARA). « Nous avons répondu à un appel d'offres de Lille Métropole et du conseil régional pour développer un réseau d'opérateurs locaux. Nous avons lancé en tout 49 chantiers. Nous en escomptons 200 dans la région d'ici à 2017 », chiffre Rachid Maziane, directeur du département Développement et innovation de l'ANCB.
Cette démarche d'insertion sociale est de plus en plus reconnue. La ministre du Logement souhaite même qu'elle « trouve sa place parmi les outils du Plan de rénovation énergétique de l'habitat ». Son principe ? Une équipe d'animation assiste propriétaires ou locataires démunis à réaliser eux-mêmes une partie des travaux, à mobiliser les aides financières, à contacter des entreprises pour les tâches les plus techniques, etc. L'ANCB, qui promeut cette approche depuis vingt ans, souhaite passer à la vitesse supérieure. « Nous avons bâti un plan sur cinq années avec l'objectif de passer d'un petit millier de chantiers par an à 10 000. Cela pourrait générer 25 à 30 millions d'euros de chiffre d'affaires pour les artisans et les entreprises. Les deux premières années de ce plan pourront être financées grâce à deux prêts : un de 2,5 millions d'euros dans le cadre des investissements d'avenir et un second d'un million du Crédit coopératif. Le plan de financement complet sera bouclé dans l'année », détaille Hervé Cogné, le directeur de l'ANCB. De son côté, Cécile Duflot a confié à Hervé Berrier, membre permanent du conseil général de l'environnement et du développement durable, l'animation d'une concertation. Elle devait se conclure en février. « Il faut que le bénévolat ne puisse plus être considéré comme du travail dissimulé par l'Urssaf et lever le risque de non-couverture par les assurances, plaide Hervé Cogné. Mais aussi donner la possibilité de recourir à l'ARA dans le futur plan de renouvellement urbain et d'avoir accès aux aides de l'Agence nationale de l'habitat. » L'homme a déjà en partie été entendu par la ministre puisque la loi Alur ouvre cette dernière possibilité.