L'organisation de l'Onema est très différente de celle de l'ancien CSP. Tout d'abord, le conseil d'administration n'est plus du tout aux mains des pêcheurs aux lignes, comme c'était le cas auparavant. Sur trente-deux membres, un seul est pêcheur : le président de la nouvelle Fédération nationale de la pêche et de la protection du milieu aquatique (FNPPMA). À noter : il n'y a pas du tout de pêcheurs professionnels fluviaux.
La majorité est issue de l'État, pas moins de dix ministères sont représentés : Environnement, Budget, Agriculture, Recherche, Voies navigables, Outre-mer, Justice, Consommation, Santé et même Intérieur. Les six agences de l'eau ont également chacune un représentant, ainsi que chaque comité de bassin (collège des collectivités territoriales du comité national de l'eau), soit au total douze personnes. Les offices de l'eau d'outre-mer ont également une voix. Le collège des usagers comprend six membres répartis selon les secteurs suivants : agricole, industriel, entreprises de l'assainissement et de la distribution d'eau, protection de l'environnement, consommateurs, électricité. Enfin, deux sièges sont réservés aux représentants du personnel. La présidence est assurée par Pascal Berteaud, qui est également directeur de l'eau au Medad.
« L'ambiance dans laquelle se sont déroulés les travaux est très différente de ce que nous connaissions au CSP », note le Syndicat national autonome des personnels de l'environnement à l'Onema (Snape Onema) dans sa lettre d'information à propos du premier conseil d'administration. « Tous les administrateurs semblent attendre beaucoup de l'Onema, y compris les représentants de l'État qui s'exprimaient peu au CA du CSP. Le milieu associatif de la pêche, qui ne dispose que d'un représentant, n'a plus le monopole des débats (les termes « cormorans », « subventions pour repeuplements » ou « taxe piscicole » ne sont plus à l'ordre du jour). Bref, nous sommes dans une dimension différente, l'avion a retrouvé
un pilote et l'équipage sera bientôt étoffé. Reste à préciser le contenu de la feuille de route... »
neuf territoires redistribués
Lors de sa première réunion, le 4 septembre 2007, le conseil d'administration a adopté le budget (plus de 108 millions d'euros par an) et a validé l'organisation de l'établissement. L'Onema a un directeur à sa tête : Patrick Lavarde, 49 ans, ex-directeur général du Cemagref (voir Hydroplus n° 174). En dehors du secrétariat, la direction générale s'appuie sur trois directions : l'action scientifique et technique (Gérard Sachon, ex-Cemagref), l'information sur l'eau (René Lalement, ex-direction de l'eau), le contrôle des usages et de l'action territoriale (Alexis Delaunay, ex-direction de l'eau). Sur son nouveau site Internet, l'Onema explique que « la direction générale développe une capacité d'expertise de haut niveau en appui aux politiques publiques de gestion de l'eau, assure le pilotage de l'établissement, la coordination du système d'information sur l'eau (SIE), est en charge des actions relatives à la solidarité financière envers les bassins de l'outre-mer et de Corse, et apporte son soutien aux délégations interrégionales et aux services départementaux. »
Les neuf délégations interrégionales (DIR) ne reprennent pas tout à fait le même découpage que celui des anciennes délégations régionales (DR). Elles comprennent Compiègne, Metz, Rennes, Orléans, Dijon, Clermont-Ferrand, Lyon, Toulouse, Montpellier. Les territoires géographiques ont en effet été redistribués pour améliorer la logique de bassin-versant. Les DIR sont donc un peu mieux calquées sur le découpage des agences de l'eau - même si ce n'est pas partout le cas - et celui des comités de gestion de poissons migrateurs (Cogepomi). Par exemple, auparavant, la DR de Rennes comprenait la Bretagne et la Basse-Normandie, et désormais, la nouvelle DIR bretonne s'étend sur les Pays de la Loire, alors que la Basse-Normandie est rattachée à Compiègne.
Ces DIR « regroupent des ingénieurs et techniciens spécialisés dans le recueil et le traitement de données, l'appui technique aux politiques et actions de gestion de l'eau, l'animation des activités de surveillance des milieux aquatiques. »
éVOLUTION SÉMANTIQUE
Chaque délégation compte environ quatre-vingts personnes, avec les services départementaux. En dehors de l'administration, elles se composent de trois unités : connaissance des usages de l'eau et de l'état des milieux aquatiques ; appui aux politiques de l'eau ; contrôle des usages. Cette dernière unité travaille en lien direct avec les services départementaux (SD). Le contrôle ne vise pratiquement plus la police de la pêche - même si les agents sont toujours assermentés à ce titre - qui relève désormais des fédérations de pêche. Certains voient là un désengagement de l'État sur une mission régalienne. En revanche, la répression du braconnage, en particulier sur les civelles, relève toujours de l'Onema. À noter que les services départementaux étaient auparavant nommés « brigades départementales » ou « garderies », car rassemblant les ex-gardes-pêche. Tout le vocabulaire a aussi été transformé. Une évolution sémantique récente qui a son importance.