La coopération franco-allemande engagée depuis vingt ans pour l'observation et la protection de la nappe phréatique du Rhin supérieur vient de franchir un palier supplémentaire. Les pouvoirs publics situés sur les deux rives ont produit 28 indicateurs, dont le suivi enrichira les inventaires transfrontaliers qu'ils publient environ tous les six ans (le prochain doit sortir en 2009). Couvrant une bande de 250 km entre Bâle et Mayence, ils se décomposent en 11 indicateurs pour les nitrates, 13 pour les produits phytosanitaires et 4 pour les chlorures. Exemples pour les premiers : la moyenne des concentrations, le pourcentage de points dépassant
25 et 50 milligrammes/litre, le taux de couverture hivernale des terres arables, le taux de raccordement aux stations d'épuration dénitrifiantes.
rassembler et harmoniser
La quatrième grande famille surveillée, les solvants chlorés, n'a pu faire l'objet d'une restitution transfrontalière en raison de la disparité des situations et de la faiblesse des données existantes côté allemand. De façon générale, le travail a surtout requis de rassembler des informations dispersées, et le cas échéant de les harmoniser... « y compris d'un Land allemand à un autre », souligne le maître d'ouvrage Aprona, l'association alsacienne « observatoire » de la nappe phréatique.
Le projet a retenu la méthode « pression-état-réponse » de l'OCDE. Pour obtenir une vision synthétique, un tableau de bord positionne les 28 indicateurs sur autant de bandes de couleur du rouge au bleu, en distinguant la situation dans les trois régions analysées : Alsace, Bade-Wurtemberg et Rhénanie-Palatinat. Il s'en dégage une mauvaise situation générale pour les phytosanitaires, particulièrement en Alsace du fait surtout de la présence d'atrazine (interdite outre-Rhin depuis 1991) et de la faible part de l'agriculture biologique (0,5 % de la surface agricole utilisée). La partie française présente un bilan plus flatteur pour les nitrates, mais pas au point de basculer globalement dans le vert. Dans les trois zones, la qualité est jugée « peu satisfaisante » avec des moyennes de concentration supérieures à la valeur guide européenne de 25 mg/l (26 en Alsace, 30 et 44 en Allemagne), avec une « insuffisante » gestion au sol.
Les stations d'épuration mises aux normes azote obtiennent un satisfecit. Le chapitre chlorures confirme que leur évolution dépend largement de celle de la pollution saline des anciennes mines de potasse, placées sous bon
contrôle.