Avec son système Mages, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne ( Siaap) a fait entrer le métier d'exploitant dans le futur. Ce « modèle d'aide à la gestion des effluents » désigne un outil unique en Europe permettant à l'exploitant d'adapter sa gestion, en temps réel, en fonction de l'évolution des conditions météorologiques, et de piloter à distance ses installations.
un scénario idéal adapté
à chaque situation
Le système recueille plusieurs types de données. Tout d'abord, des données météorologiques provenant de quatre-vingts pluviographes installés en région parisienne ainsi que celles de Météo-France (radars), qui sont actualisées toutes les cinq minutes. Il prévoit ainsi l'évolution du temps dans les deux heures. À cela, s'ajoutent les informations propres à l'exploitation des réseaux (hauteur d'eau, débit, ouvrages de régulation, position des organes de type vannes, pompes...) ainsi que des usines d'épuration. L'intégration de ces différents éléments permet à Mages de proposer, en quinze minutes, un scénario « idéal » de gestion commune spécifique à chaque situation (orages, maintenance sur les réseaux, etc.), et cela afin de limiter les déversements en période de pluie et donc de protéger le milieu naturel. Ainsi, les exploitants peuvent utiliser au mieux les onze ouvrages de stockage du Siaap (huit bassins et trois tunnels) d'une capacité totale de 833 200 m3. En y associant les grands émissaires de transport, cela représente 1 833 000 m3. Soit
le volume d'eau qui s'écoulerait de la Seine pendant trois heures.
la communication améliorée
entre les acteurs
Jusque-là, il n'y avait pas de véritable politique commune de gestion entre les quatre départements concernés (75, 92, 93, 94). Les communes et les syndicats de communes collectent leurs eaux usées et pluviales, les conseils généraux prenant le relais pour les transporter jusqu'au réseau géré par le Siaap qui, à son tour, achemine les eaux jusqu'à ses cinq usines d'épuration. Mages permet donc d'améliorer la communication entre ces différents acteurs, en s'adaptant aux décisions prises par chacun et en optimisant le fonctionnement des réseaux ainsi que des stations. Le poste principal est situé au siège du Siaap et des postes de contrôle se trouvent dans chaque conseil général.
Ce système a été développé en partenariat avec Eau et Force (filiale de Lyonnaise des eaux), Satelec ( groupe Fayat) et Hydratec. Il reprend pour partie le modèle du spécialiste canadien BPR-CSO. Le coût du projet s'élève à 7 millions d'euros pour la réalisation du système, auxquels s'ajoutent 3,5 M€ pour la partie définition et 1,5 M€ pour la construction d'un réseau d'échange d'informations entre les différents postes de commande (et où a été fait un important travail d'homogénéisation des données). Il a reçu le soutien financier de l'agence de l'eau Seine-Normandie et de la Région Île-de-France. Expérimenté depuis juillet 2007, il fonctionne depuis début 2008. Le modèle a notamment été ajusté pour intégrer les apports par temps sec (eaux parasites).
Enfin, après cette première étape qui a consisté à intégrer la dimension hydraulique et les contraintes d'exploitation, une deuxième prendra en compte les charges de pollution. La connexion à l'outil « Prose », qui modélise l'impact sur la Seine des déversements exédentaires d'eau par temps de pluie, est également envisagée afin d'estimer l'impact du rejet sur le milieu naturel.