À Chaulgnes, dans la Nièvre, l'innovation ne fait pas peur. Cette petite commune bourguignonne de 1 300 habitants a tranquillement inauguré sa nouvelle station à filtres plantés de roseaux, la plus importante à ce jour en nombre d'équivalent-habitant (EH) du département. À l'image de Charles Gauthé, qui, après avoir été agriculteur, occupe depuis 2001 le poste d'agent d'entretien « très polyvalent » de la commune. « Ici, j'ai dû apprendre différents métiers, du transport scolaire à l'entretien des espaces verts. Le passage de la maintenance de l'ancienne station à cette nouvelle technologie ne m'a pas posé de problèmes », sourit-il.
Inauguré en mars 2008, ce procédé extensif d'une capacité de 600 EH remplace désormais l'ancienne station à boues activées vieille de plus de trente ans. Si le choix du site a posé quelques difficultés - la commune a en effet acheté un terrain plus grand à un particulier pour pouvoir installer le procédé en contrebas et à proximité de l'ancienne station -,
les filtres plantés de roseaux apportent de nouveaux avantages.
« C'est moins cher au niveau de la construction. Les coûts de fonctionnement et le temps passé pour la maintenance sont également réduits », souligne Charles Gauthé, même s'il reconnaît que cette première année de mise en route lui demande plus de temps que prévu.
Deux matinées par semaine, il se rend sur le site pour le suivi et l'entretien. « Après un dégrillage, les eaux usées sont stockées dans un réservoir de 7,5 m3, sur lequel une chasse est actionnée tous les trois ou quatre jours pour évacuer les eaux vers l'un des trois bassins contenant les roseaux », explique-t-il. Le traitement peut alors commencer. Les végétaux par l'action du vent aèrent les bassins, les eaux prétraitées sont ensuite pompées vers des filtres à sable et évacuées vers les 900 m2 de
saules. « Je n'ai alors plus à intervenir, sauf pour ouvrir et fermer les vannes afin d'alterner l'entrée des eaux sur les bassins, poursuit-il. Contrairement aux boues activées, les pompes sont moins sollicitées. Et, à la place de la turbine, c'est cette simple chasse qui permet d'évacuer les eaux. » L'entretien consiste ensuite à tailler chaque année les 2 000 roseaux et curer les 4 092 m2 de bassins tous les huit à dix ans. « Ce curage nécessitera l'arrêt alternatif des trois bassins pendant deux mois. Il faudra alors user de la pelle », appréhende Charles Gauthé. Autre préoccupation, l'évacuation des tailles de roseaux. « Un lit de séchage a été conçu à cet effet sur le site, mais nous n'avons pas encore résolu le problème de leur évacuation », reconnaît-il.
Pour cette première année de mise en route, l'été n'aura pas été de tout repos pour le service technique de la commune. Les pluies importantes et la présence d'eaux de source parasites ont donné plus de 14 000 m3 d'eau « chassées » vers les bassins. Et si Charles Gauthé reconnaît que le problème des odeurs a sensiblement diminué en comparaison de l'époque de l'ancienne station, ce nouveau procédé pose encore quelques questionnements. Mais lorsque l'on est polyvalent, les questions ne restent pas longtemps sans réponse !