La crise financière est là et l'on sait déjà que les collectivités sont impactées : hausse des taux de crédits bancaires, raréfaction du crédit de la part de leurs prêteurs habituels (Dexia, Caisse d'épargne...), réduction des droits de mutation (liée à la crise de l'immobilier), auxquelles s'ajoute une stagnation, voire une baisse, des dotations de l'État.
Certes, pour inverser la tendance, l'État a demandé à la Caisse des dépôts et consignations de leur débloquer 5 milliards d'euros, et l'on peut penser que les taux, suivant ceux de la Banque centrale européenne, reviennent d'ici peu à la normale. Mais il existe tout de même une tension qui conduira à un rééquilibrage du budget des collectivités, d'autant plus qu'elles devront répondre à une urgence sociale et économique liée à cette crise.
Heureusement, le secteur de l'eau dispose d'un cadre réglementaire et politique fort. Difficile, par exemple, de faire machine arrière sur le Grenelle de l'environnement. D'autant que ce dernier
mêle les obligations réglementaires aux décisions politiques : c'est
le cas de la mise en conformité des stations d'épuration avec la directive ERU, qui a été renforcée il y a un an par un plan d'urgence accompagné
d'un volet financier de 2 milliards d'euros et dont les échéances à respecter ont été reprises dans le Grenelle 1. Ce plan constitue actuellement la priorité des priorités des agences de l'eau.
Un autre chantier gigantesque est en cours, avec l'atteinte du fameux bon état écologique (DCE). Pour mener à bien leurs actions dans l'application de ces deux directives européennes (DCE, DERU), les communes et les structures intercommunales continueront à bénéficier des subventions des agences de l'eau et des départements. Comme si de rien n'était.
Quant à la lutte contre les fuites d'eau des réseaux, prévue dans le Grenelle, elle ne nécessitera pas tant de ressources financières que l'on pourrait penser, mais amènera les collectivités vers la gestion patrimoniale, qui consiste à dresser un inventaire des réseaux et à porter les efforts sur les parties prioritaires. Peut-être même que des économies seront à la clé.
L'optimisme serait-il alors de mise ? D'un côté oui, comme en témoignent les derniers chiffres encourageants des traiteurs d'eau ainsi que des ensembliers et des équipementiers, dont les carnets de commande sont bien remplis. Ce type d'activité
et les gros contrats fonctionnent en effet sur le long terme et il
se peut que ce soit dans six mois, un an ou deux, que les effets
de la crise se fassent sentir. La prudence est donc aussi de rigueur et, dans l'immédiat, ce sont les dépenses quotidiennes, non programmées ou non vitales, qui pourraient être reportées.