C'est à l'initiative du Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (Siaap), et de son conseiller scientifique Michel Riotte, que s'est formé un groupe de travail sur le séchage thermique. Sa première réunion, qui s'est tenue en décembre 2007, a regroupé ensembliers et exploitants de tous bords (Veolia Eau, Suez-Environnement, Saur et Vinci Construction France), représentants de collectivités et spécialistes de la question (consultants, Ineris, etc.). Ne manquaient que les fabricants de sécheurs, « qui n'ont pas été intégrés à la première partie de ce travail pour éviter les polémiques trop fortes ; mais ils y participeront dans un deuxième temps », précise Michel Riotte.
Le constat est le suivant : l'exploitation des installations de séchage thermique des boues est difficile à maîtriser, de l'aveu même du Siaap, qui dispose de deux installations à Valenton et aux Grésillons et d'une troisième en prévision. Les problèmes rencontrés concernent des phénomènes d'auto-échauffement des boues séchées (qui se produisent au bout de quatre ou cinq jours et lorsque du chlorure ferrique a été utilisé en amont) ainsi que les conditions de sécurité de fonctionnement face aux risques d'incendie ou d'explosion.
INCIDENTS AUX GRÉSILLONS
EN 2007
En guise d'introduction, ont été évoquées les difficultés rencontrées lors de la mise en route, début 2007, de l'unité de séchage thermique des Grésillons. « Les problèmes sont liés à l'inadéquation entre les boues et les sécheurs. Il s'agit en effet de boues primaires et de boues secondaires issues d'une biofiltration », explique Michel Riotte. La densité de ces boues et leur consistance fibreuse une fois séchées ont conduit à un colmatage lors de leur transport et à un départ incendie lors de l'intervention du personnel en charge de la mise en service. Depuis, d'autres points d'autocombustion ont été signalés, et même une explosion ! « Lorsque les boues séchées stagnent, on assiste au départ d'une réaction de pyrolyse, à un dégagement de gaz (CO) et on s'expose à un risque d'explosion », précise-t-il. Il semble également que cette usine, qui est alimentée par un réseau d'assainissement sous pression, fonctionne pratiquement toujours à 100 %
de ses capacités de temps sec pour la partie eau - et donc toujours proche de sa charge nominale pour le traitement des boues -, mettant ainsi les sécheurs en difficulté. « Ce qui n'est pas le cas des usines alimentés par un bassin versant en gravitaire et qui fonctionne seulement à 60-70 % », indique-t-il. Comme, par exemple, la station du Siado, à Douai, dans le Nord, construite avec le même type de sécheurs, et qui n'a rencontré aucun problème.
SAVOIR TROUVER LES BONS COUPLAGES
Ce ne sont donc pas un type de sécheur, un constructeur ou un exploitant qui sont à pointer du doigt, et c'est là tout l'intérêt de la démarche du Siaap (dont le groupe de travail a été intégré à la commission assainissement de l'Astee). Il semble néanmoins que les concepteurs doivent trouver les bons couplages entre les types de sécheurs, la qualité des boues et le type de procédé de traitement de l'eau en amont.
Le Siaap a par ailleurs chargé l'Ineris d'étudier le phénomène d'auto-échauffement des boues séchées. Une deuxième phase de travail consistera à améliorer la sécurité des installations en travaillant avec les fabricants de sécheurs, avec en ligne de mire une révision du guide des bonnes pratiques pour le séchage des boues
(CEN/TR 15473 :2007 F) et aussi sa bonne application.