Avec près d'un million de tonnes transportées chaque année, le canal Saint-Denis est une véritable artère de développement économique et de vie pour l'Île-de-France. Outre le fret, il permet notamment le passage des péniches vers les canaux de l'Ourcq et de Saint-Martin, et assure une activité touristique, en particulier grâce au transfert de visiteurs vers le stade de France. Pour maintenir une exploitation permanente des canaux et éviter tout risque de panne ou de casse des équipements, la mairie de Paris doit s'assurer de la fiabilité de ses ouvrages en réalisant des opérations de chômage sur les écluses tous les huit à dix ans.
Lors des précédentes rénovations, la nature des travaux a imposé une mise à sec totale du canal constitué de sept écluses à double sas et de six biefs. Mais la mise à sec de ces biefs présente plusieurs effets néfastes, comme la décompression de terrain, la perturbation de la faune piscicole ainsi que la destruction de la flore des berges.
UNE SOLUTION DOUCE
En 1999, le précédent chômage du canal, riche d'une vingtaine d'espèces, a engendré la pêche systématique de plus de 18 tonnes de poissons. À l'occasion d'un nouveau chômage qui se déroule actuellement, les élus parisiens ont préféré une solution plus douce qui consiste à isoler les écluses par des batardeaux, tout en laissant les biefs en eau. Pour les riverains du canal, cette méthode, mise en place pour la première fois, réduit également les nuisances qui sont liées au chantier en les limitant aux zones des écluses.
Afin de réaliser dans les délais impartis les différents travaux d'entretien et de modernisation, une dizaine d'entreprises, soit environ soixante-dix personnes, oeuvrent simultanément en liaison avec le personnel municipal. Ces professionnels de différents corps de métiers sont chargés du nettoyage et de la consolidation des maçonneries des galeries et des sas des écluses, ainsi que de la remise en état des équipements mécaniques et hydrauliques. Vieilles de vingt-cinq ans, les attaches inférieures et supérieures des portes ainsi que l'axe de rotation vont être remplacés pour éviter toute rupture. Toutefois, la difficulté réside dans le poids (de 10 à 40 tonnes) et la hauteur (jusqu'à 10 mètres) des portes qui n'aident en rien les opérations de levées. Plus de douze jours seront requis pour le démontage, la réparation et la remise en place de ces éléments. De plus, dix vannes de remplissage et de vidange seront remplacées. En ce qui concerne les travaux mécaniques, les vérins de portes ou de vannes seront entièrement rénovés. Par ailleurs, les centrales hydrauliques et les unités de distribution fonctionneront désormais à l'huile biodégradable.
Estimés à cinq millions d'euros, ces travaux de grande ampleur dureront dix semaines, période fixée par un arrêté du ministère de l'Écologie, sur proposition de la mairie de Paris. Le canal sera donc fermé jusqu'au 7 décembre et la navigation est reportée sur le canal Saint-Martin. Chaque année, environ 3 600 bateaux empruntent les 6,6 kilomètres du canal Saint-Denis, et près de
deux heures et demie leur sont nécessaires pour assurer le passage de la totalité des écluses et des biefs.