Proposer des solutions de collecte et de traitement des matières de vidange : c'était l'objectif apparemment simple que le Syndicat interdépartemental de l'eau Seine Aval (Sidesa) voulait atteindre afin d'aider à mettre en place un schéma départemental d'élimination pour la Seine-Maritime. Plusieurs filières ont été proposées pour la gestion de divers types de matières de vidange, mais le Sidesa se trouve aujourd'hui face à une impasse. En effet, si les solutions proposées semblent séduisantes, il semble difficile de mettre en place le schéma départemental d'élimination, car aucun des interlocuteurs potentiels n'a l'air suffisamment impliqué pour passer à la phase de réalisation. Intervenant lors d'une rencontre technique organisée par le Réseau Eau d'Ideal Connaissances, les responsables du Sidesa ont fait un constat plutôt négatif de cette expérience.
La Seine-Maritime est particulièrement en avance, pour l'ANC, puisqu'elle a lancé un programme de réhabilitation, sous maîtrise d'ouvrage publique, dès 1979. L'importance de s'intéresser aux matières de vidange est apparue lorsque les responsables de Spanc se sont aperçus qu'ils ne savaient pas où allait la majorité des matières de vidange des installations d'ANC et que, par ailleurs, la visite des services pouvait déclencher, à priori ou à posteriori, de nouvelles vidanges. Avec seulement 10 % des matières de vidange collectées en 2003, la situation
était préoccupante. Le Sidesa a décidé d'ajouter d'autres sous-produits : graisses industrielles, huiles de friture, sables de curage des réseaux, en suivant les cahiers des charges du schéma d'Indre-et-Loire.
PRIVILÉGIER LE LAVAGE
DES SABLES
Pour les matières de vidange, la capacité de traitement du département est adaptée. Il faut donc améliorer la collecte par un bon maillage territorial et des aires de dépôts supplémentaires, en supprimant les filières d'élimination sauvage. Le coût estimé serait de 54 E par m3. Les déchets sableux, eux, sont récupérés à 55 %, le reste étant éliminé en CET de classe II. L'objectif serait de favoriser le lavage des sables pour un recyclage en BTP ou la mise en CET de classe III en développant la collecte et les unités de traitement, pour un coût qui serait de 71,3 E par tonne en moyenne. Enfin, pour les huiles et graisses, le taux de collecte est de 10 à 16 %, sans aucune valorisation. Les coûts varient en fonction du choix de valorisation : méthanisation, hydrolyse enzymatique ou fabrication d'écocombustible.
Plusieurs scénarios ont été proposés pour chaque type de produit, mais il n'a pas été possible au comité de pilotage de se prononcer pour un schéma plutôt qu'un autre. « Nous sommes allés voir les collectivités,
l'Ademe, l'agence de l'eau, la région, et avons organisé des réunions où presque personne n'est venu, regrette Jean-Noël Foulex, directeur du Sidesa. Les propositions concernent plusieurs domaines différents : déchets, eau, assainissement. Les intérêts ne se regroupent pas et personne ne se sent véritablement concerné. » Séparer les thématiques pourrait faire avancer le processus, étape par étape. Il ne resterait qu'un obstacle : les habitudes sont parfois bien établies, avec des économies parallèles et des usagers qui pourraient faire barrage.