Une augmentation de 2 à 7 TWh de production microhydraulique supplémentaire serait à l'étude dans le cadre de la « convention pour le développement d'une hydroélectricité durable », actuellement en cours d'élaboration à l'initiative du ministère de l'Écologie, selon l'association France Nature Environnement (FNE).
ORIENTATIONS
Mise au point par des représentants des maires, des producteurs hydroélectriques et des associations, parmi lesquelles FNE, cette convention doit donner les grandes orientations du développement de l'hydroélectricité, afin d'atteindre une augmentation nationale de 10 % en puissance et en productible.
FNE estime que ces objectifs entraîneraient la construction de près de 400 microcentrales supplémentaires, s'ajoutant aux 1 700 existantes. « Ce serait une augmentation énorme, qui ne permettrait pourtant pas de régler les problèmes liés à la consommation énergétique : en un an, le total de l'électricité produite grâce à ces microcentrales supplémentaires serait absorbé par l'augmentation naturelle de la consommation électrique », note Romain Suaudeau, coordinateur du pôle ressources en eau de FNE. Et cela « sans que soit, conformément aux engagements du Grenelle, vérifiée au préalable la compatibilité avec l'état écologique de nos cours d'eau et les engagements européens de la France : directive-cadre sur l'eau, règlement européen "anguilles"... », estime l'association. Elle déplore notamment le manque d'actions engagées pour effacer les quelque 40 000 petits seuils (moulins, écluses) parsemant les rivières françaises, dont seulement 10 % ont un usage avéré, et qui modifient l'état écologique des cours d'eau. FNE s'inquiète aussi de la localisation des nouveaux ouvrages. Ils pourraient, selon l'association, être installés dans des zones sensibles (montagnes, zones Natura 2000) en raison du taux d'équipement déjà très élevé des sites adaptés à la microhydraulique.
Comme en réponse à ce cri d'alarme, le 8 décembre, les producteurs d'hydroélectricité ont signé un accord-cadre avec l'Onema et l'Ademe. Il porte sur des projets communs de R et D sur le franchissement des ouvrages par l'anguille européenne.
SIGNÉ POUR DEUX ANS
« L'optimisation de l'insertion environnementale des installations nécessite l'amélioration des connaissances relatives à la continuité écologique : montaison et dévalaison des migrateurs - notamment les anguilles - et transit sédimentaire », estimaient les parties prenantes dans un communiqué. Un tel programme de recherches est l'une des actions prévues par le règlement européen pour protéger les anguilles. Signé pour deux ans, il comporte dix-huit actions, dont l'évaluation de l'impact des ouvrages, la détermination des périodes de migration, l'acquisition de techniques de monitoring... D'un montant de près de 5 ME, ce programme est cofinancé par EDF (58 %), l'Onema (21 %), le groupe GDF SUEZ (13 %), l'Ademe, France Hydroélectricité et d'autres partenaires (8 %).