La station de traitement de la ville de Luçon (Vendée), d'une capacité de 14 000 EH, produit 180 tonnes par an de matière sèche de boues, stockées dans des lagunes. Une solution peu favorable à l'environnement, non conforme à la réglementation et qui devait être abandonnée après le 31 décembre 2007. La commune possède aussi de nombreux espaces verts et gère le Jardin Dumaine, un parc paysager de 4 hectares qui génère par an 1 000 m3 de déchets verts ligneux bruts. LE DÉFI POUR LA TERRE Pour gérer ses boues, Luçon avait le choix entre la déshydratation/chaulage pour une valorisation agricole, le séchage thermique ou le compostage. Ayant décidé de répondre au « Défi pour la Terre », initiative commune de l'Ademe et de la Fondation Nicolas Hulot, en 2006, la ville a finalement fait le choix, le plus durable selon elle, d'une unité de cocompostage afin de prendre en charge également ses déchets verts. Elle a aussi décidé l'ouverture d'une aire de dépotage pour les 200 m3 mensuels de matières de vidange issues de l'assainissement non collectif de vingt-sept communes, et déposées par six entreprises conventionnées. Les travaux, commencés en juin 2007, ont permis le démarrage au 1er janvier 2008 de l'Avocette, l'unité de cocompostage, dès l'arrêt du stockage en lagune. Le chantier a été conçu pour réduire au maximum les coûts d'investissement (950 000 €/HT), avec une station de compostage compacte et fonctionnelle à proximité du site de production des boues. Le compostage se fait en biodômes confinés, selon la technique Hantsch, afin d'éviter toute nuisance pour les habitations dont les plus proches se trouvent à moins de 100 mètres. L'air est traité par biofiltre. Après mélange des boues et des déchets verts broyés, la fermentation prend cinq à sept semaines et la maturation se fait en deux à trois semaines. Au total, il faut environ douze semaines pour chaque lot de compost. « Les élus ont voulu que la filière soit véritablement durable et le compost produit par la station est normé (NF U 44-095) afin d'être commercialisé pour un usage agricole, horticole ou par les particuliers », précise Guillaume Dutois, responsable environnement de la ville de Luçon. Le prix va de 12 à 30 €/m3, selon le maillage et le conditionnement. Les deux premiers lots produits en 2008 ont pu être normés. Dans l'éventualité où un lot ne satisferait pas aux conditions de la norme, il est prévu de réaliser un épandage classique avec cinq agriculteurs signataires. AVENANT AU CONTRAT La commune a décidé, pour des raisons économiques, d'intégrer ce nouveau site à la délégation de service public initialement signée avec Saur en 2003 pour une durée de douze ans. L'avenant au contrat a été ajouté six mois après le démarrage de la nouvelle unité, grâce à une clause qui prévoyait le traitement des boues. « Si la gestion des boues augmente le coût de fonctionnement de 20 à 50 %, le surcoût pour les usagers est de 10 à 15 % mais reste dans la moyenne locale », estime Denis Lesage, chef de secteur Sud-Vendée chez Saur. Les lagunes, quant à elles, seront vidées d'ici à la fin de l'année 2009 et les 15 000 m3 de boues qu'elles contiennent seront épandues sur les terrains de dix agriculteurs conventionnés. Le devenir d'une des lagunes les plus anciennes, qui a été contaminée au mercure et aux PCB, est encore cependant en cours de discussion...