Chaque année, à l'automne, la Société des eaux de Marseille (Sem) met le canal de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, en chômage partiel sur certains tronçons de ses 166 kilomètres, histoire de réaliser des travaux de curage, réfection de parois, remplacement des vannes... Ainsi, à partir du 13 octobre, et pendant 72 heures non-stop, à Sainte-Marthe, dans le 14e arrondissement de Marseille, on a restauré 300 mètres de canal. En nocturne, sous les projecteurs, trente personnes se sont relayées en continu pour restaurer la cuvette et son étanchéité sur 300 mètres. Avec une noria de 40 à 45 camions-toupies, 250 m3 de béton ont été projetés sur 7 centimètres d'épaisseur. « Ces travaux sont aussi l'occasion de curer les tronçons et de les inspecter », explique Jean-Michel Reynes, chef de service canal à la Sem. Les riverains ont été dûment informés, numéro d'appel à l'appui, en raison de la gêne imposée.
UNE TRENTAINE D'OPÉRATIONS
Le chantier marseillais n'était pas le seul. Le 6 octobre, à La Barben, près de Salon-de-Provence, un chantier similaire concernait 900 mètres de canal. Et durant deux semaines, entre le 6 et le 17 octobre, une trentaine d'opérations d'entretien étaient programmées. Chaque année, la Sem investit environ 3,5 millions d'euros dans ces travaux. Grâce à la coordination des chantiers et la régulation du canal, aucune coupure d'eau n'intervient, des réserves conséquentes étant constituées en amont des tronçons à restaurer. Un système de by-pass est mis en place pour détourner l'eau, vider le canal et renvoyer l'eau en aval. « La délégation de service public (DSP), signée avec Marseille Provence Métropôle, nous impose l'entretien de 25 kilomètres du réseau par an, dont le coût est financé dans le cadre de cette DSP », précise Jean-Michel Reynes. Le bureau d'études intégré planifie sur cinq ans les travaux à effectuer, « mais il peut y avoir des modifications en fonction des inspections ou des intempéries ». Dans l'urgence, des inspections et travaux peuvent être décidés suite à des « venues d'eau » dans des propriétés privées ou pour le suivi de « petites fissures suspectes ». En continu, et au moins trois fois par an, les passages en sous-oeuvre sont inspectés, de même que les branchements liés à l'urbanisation réalisée sur le parcours. « Nous veillons à ce que le canal ne serve pas de digue », ajoute Jean-Michel Reynes.
Dans l'ensemble, ces travaux sont dus à la vétusté de l'ouvrage, car, ne l'oublions pas, le Canal de Marseille date du XIXe siècle, même si c'est « un ouvrage remarquable, l'un des seuls en France à fonctionner sur la gravitation et qui est loin d'avoir été sous-dimensionné », comme se plait à mettre en avant Philippe Rouyer, responsable de la gestion du patrimoine. Un homme qui le connaît sur le bout des doigts et qui confie : « Ce canal, je l'ai dans le coeur », comme nombre de Marseillais qui, in fine, râlent bien peu quand ces grandes manoeuvres bruyantes et poussiéreuses sont engagées.