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Les outils et la méthodologie s'affinent

LA RÉDACTION, LE 1er FÉVRIER 2009
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L'un des principaux buts des circulaires du 8 février 2007 et de leurs annexes était de clarifier la méthodologie à suivre, afin de prendre en compte l'ensemble des enjeux à toutes les étapes des opérations de réhabilitation d'un site. Selon Sébastien Denys, chercheur à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques ( Ineris), cela concerne « bien sûr les résultats des calculs de risques sanitaires, les performances des techniques de dépollution et les coûts économiques correspondants, ainsi que l'acceptabilité sociale d'un projet. Le tout afin d'atteindre le meilleur niveau de protection sans mobiliser des ressources disproportionnées au regard des intérêts à protéger ». En effet, la toute première phase d'une opération de réhabilitation consiste à réaliser un diagnostic du milieu, en prenant en compte l'utilisation actuelle et celle prévue du site. Elle déterminera in fine le type de traitement ainsi que son dimensionnement. Il faut donc en premier lieu caractériser le sol et le sous-sol, la présence et les propriétés de la nappe phréatique, la pluviométrie, le couvert végétal... Deuxième impératif, analyser le polluant rencontré et son comportement. La question de sa solubilité dans l'eau est essentielle. Par exemple, dans le cas des pollutions radioactives dont s'occupe l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs ( Andra), les radionucléides sont très peu solubles. Les nappes ne sont donc pas impactées et ne doivent pas être traitées. Elles sont cependant surveillées pour éviter tout risque. Autre question : quelle est la densité du polluant ? Cette donnée contrôle la vitesse d'infiltration du contaminant et son comportement dans la nappe : accumulation en surface, descente sous le niveau statique... La molécule est-elle stable ou a-t-elle tendance à se biodégrader facilement ? Autre question, plus complexe et encore trop souvent laissée de côté : quels sont les sous-produits de la spéciation, s'il y a biodégradation ? Certains sous-produits peuvent poser autant, voire plus, de problèmes que les molécules mères : « Les herbicides génèrent des produits de dégradation stables qui peuvent également présenter une activité biocide », précise ainsi le BRGM dans son Guide sur le comportement des polluants dans les sols et les nappes. DES OUTILS D'AIDE À LA MODÉLISATION De ces premières informations, dépendront la nature et l'étendue du traitement, comme l'explique Jean-Luc Perrin, sous-directeur à la direction générale de la prévention des risques du ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire ( Meeddat) : « Tout ce qui diminue les incertitudes concernant le devenir des polluants, leur passage dans les plantes, à travers le sol, leur influence sur la santé humaine, permet d'avoir une action mieux calibrée. Plus les incertitudes sont grandes, plus les efforts de dépollution sont importants pour éviter tout risque. » L'acquisition de ces données d'entrée étant longue et coûteuse, des outils sont peu à peu développés. Ainsi, l'Ineris vient de donner naissance à la base de données de paramètres (BDP) Sorp-Bio, un outil d'aide à la compréhension du comportement des polluants et, in fine, d'aide à la modélisation. Cette BDP est assise sur la littérature scientifique et regroupe sur un support unique les résultats de nombreuses expériences de recherche sur le comportement des polluants dans les sols. Elle contient des informations documentaires relatives aux paramètres de sorption et de biodégradation de trente et une substances organiques différentes. UN DEVENIR ENCORE PEU CONNU Ces données sont précieuses car le devenir d'une pollution dans le sol et le sous-sol est encore peu connu. Pour cartographier le panache de pollution, les intervenants procèdent donc le plus souvent par mesures piézométriques(1). Certes, des modèles informatiques de diffusion du polluant dans le sol sont parfois utilisés, mais ils sont encore relativement peu répandus : ainsi, SDEC France commercialise Unsat Suite, un logiciel distribué par Schlumberger Water Services et servant à modéliser le devenir des polluants en zone non saturée (2). « Conscients de la complexité de la modélisation en zone non saturée, les bureaux d'étude hésitent encore à faire confiance à Unsat Suite. C'est pourtant un logiciel très utile pour évaluer le signal d'entrée du contaminant en zone saturée, autrement dit la concentration de polluant parvenant à la nappe », explique Christelle Chabault, hydrogéologue et géochimiste à SDEC France. L'enjeu souligné par Christelle Chabault consiste à bien caractériser le terme source (ou zone source), ce « volume restreint d'où sont libérés les polluants », d'après le BRGM. Un polluant peut être en partie adsorbé ou biodégradé dans le sol, il peut se volatiliser, pénétrer dans une roche poreuse jusqu'à la nappe tout en circulant le long d'une couche de terrain argileuse voisine pour resurgir plus loin. Identifier le ou les termes sources est donc une étape indispensable une pollution. Jean-Marie Côme, directeur R et D de Burgéap, relate le traitement d'un ancien site industriel pollué par des organo-chlorés aliphatiques. En cours de démantèlement, il doit être requalifié en zone d'activité : « Les premiers diagnostics de la pollution avaient mis en évidence une seule zone source, sans en quantifier le volume. Afin de dresser le bilan coût/avantages des techniques de dépollution, un diagnostic complémentaire a été mené avec des méthodologies innovantes (suivant le guide méthodologique Macaoh labellisé par le Meeddat). Il a permis d'identifier sept zones sources, le volume de sols associé ainsi que le volume de phase organique .» Au final, le coût des études a augmenté, mais le coût des travaux à engager pour traiter la pollution (excavation, oxydation et biodégradation in situ) a été optimisé. La recherche précise des zones sources a permis « d'évaluer l'impact réel de la pollution, de sélectionner les meilleures techniques de traitement et de dimensionner les travaux de dépollution », ajoute Jean-Marie Côme. UNE MESURE DE LA QUALITÉ Selon Claire Rollin, chercheuse à l'Ineris, « la conceptualisation et la modélisation du terme source continuent d'être l'un des plus grands problèmes car cela a des implications sur le calage des modèles conceptuels ». Les modèles de transfert des polluants et d'exposition des populations à ces contaminants sont nombreux (Visual Modflow, MISP, Marthe, Feflow...), mais ils ne sont rien s'ils ne sont pas calés avec des données d'entrée et donc des mesures très rigoureuses. Face à la multiplication de l'emploi de modèles de plus en plus complexes, le Meeddat a rappelé en 2007 que « la mesure directe de la qualité des milieux était à privilégier ». Frédéric Hamilton d'Environ France souligne pourtant que « les saisons et la pluviométrie influencent les mesures. Il faut donc faire plusieurs relevés. Le coût augmente vite ainsi que le temps nécessaire pour les réaliser, ce qui peut décourager le donneur d'ordres ». La modélisation du transport des polluants dans les nappes est également essentielle « pour connaître les enjeux qui pourraient être affectés dans quelques années (captage...), du fait du lent déplacement de l'eau dans les nappes phréatiques, de l'ordre de quelques centimètres par jour », précise Claude Michelot, directeur technique de Burgéap. Toutefois, Jean-Luc Perrin insiste : « Il ne faut pas tomber dans des excès, par exemple réinventer des normes sanitaires à partir de modélisations théoriques fondées sur la « biodisponibilité » des polluants, une notion très complexe encore objet de recherches. Il vaut mieux partir des normes sanitaires définies par les pouvoirs publics, lorsqu'elles existent, et faire les mesures correspondantes lorsqu'elles sont possibles. » Cet exemple n'est pas fortuit : l'évaluation du risque sanitaire est une étape essentielle de l'analyse de la pollution et de ses conséquences. En effet, au-delà de l'analyse des polluants et du milieu, il est essentiel de connaître les usages qui sont ou seront accueillis par le site. Comme le résume Frédéric Hamilton, « le traitement des sites pollués demande une approche risque spécifique au site : la dépollution est modulée en fonction des enjeux ». Les deux outils créés par les circulaires de février 2007, interprétation de l'état des milieux et plan de gestion, ont ici des exigences différentes. Une interprétation de l'état des milieux est engagée si des usages sont déjà installés sur un site suspecté de pollution. Dans ce cas, la dépollution ne sera menée que dans la mesure où l'état des milieux est incompatible avec les usages installés sur le site, et les travaux associés permettent d'atteindre le niveau requis par ces usages. LE BON NIVEAU DE DÉPOLLUTION Dans le cas où une installation cesse son activité, un « plan de gestion » doit être mené à bien avec en toile de fond une interrogation : pourquoi dépollue-t-on ? Pour créer un lieu de promenade, une zone d'activité, un lieu de résidence, une nouvelle activité industrielle... Selon les cas, les niveaux de dépollution ne seront pas les mêmes. Francis Rommlaere, directeur délégué de Retia, la filiale de Total qui gère les anciens sites industriels du groupe apporte une nuance : « Normalement, les terrains sur lesquels se trouvaient des installations arrêtées avant le 1er octobre 2005 doivent être réhabilités avec pour seul usage envisagé un nouvel usage industriel. Ce n'est que le 1er octobre 2005 qu'est entré en vigueur un décret prévoyant une concertation entre les diverses parties prenantes (l'exploitant, la municipalité, la préfecture...) pour définir les usages futurs du site et prévoir la dépollution en conséquence . Dans le cas des anciennes installations de Total, nous déconseillons de choisir des usages sensibles, comme la construction de zones résidentielles. S'il y a conflit entre les parties sur la question des usages futurs, c'est le préfet qui tranche. Quand les résultats d'une dépollution sont incertains, il peut estimer qu'il n'est pas opportun d'engager les coûts ». UN COÛT FINANCIER ET ENVIRONNEMENTAL Une pollution ne doit pas être traitée à n'importe quel coût. À cet égard, les experts du Meeddat rappellent qu'il faut considérer, non seulement le coût financier, mais surtout le coût environnemental d'une dépollution : coût énergétique de l'incinération des terres excavées puis de l'enfouissement de ces terres désormais inertes ; coût du transport des terres excavées vers le lieu d'incinération ; coût énergétique du pompage puis du traitement des eaux... Il peut donc parfois être plus adapté de confiner la pollution pour éviter qu'elle ne se diffuse aux populations ou aux ressources naturelles environnantes (eau, sol, air). C'est par exemple ce qui a été fait pour une partie de la pollution du site de la Combe du Saut (Salsigne), au nord de Carcassonne (Aude). Une activité industrielle de traitement de l'or y avait entraîné une pollution du sol à l'arsenic. Le principal volet du traitement a été d'excaver puis de confiner in situ 450 000 m3 des terres les plus polluées. Des mesures complémentaires ont ensuite consisté à drainer les eaux de ruissellement, à les traiter et à revégétaliser le site. Lorsqu'un contaminant ne peut être éliminé de manière satisfaisante pour permettre l'usage envisagé, des restrictions d'usage ou servitudes peuvent aussi être adoptées. Un site, ou une partie d'un site, peut ainsi être totalement fermé au public. Dominique Gilbert, de la direction générale de la prévention des risques du Meeddat, note que « des mesures d'excavation des sols ont pu être exigées alors que, dans certains cas, les sols historiquement pollués étaient déjà inertes, et que, dans d'autres cas, les polluants n'étaient pas si problématiques pour l'homme et l'environnement. En général, ce type de situation s'accompagne d'un refus de mettre en place des servitudes ». Entre les formes de traitement, le confinement et la mise en place de servitudes, l'éventail des solutions est large. Et dans son effort de clarification méthodologique, le Meeddat le rappelle : cette souplesse est l'une des conditions de réussite de la démarche.


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