Le concept de réseaux ramifiés sous pression (RRSP) est apparu en France dans les années 1980. La DDE d'Eure-et-Loir était alors l'un de ses plus fervents défenseurs. Aujourd'hui, on ne compte pourtant qu'une dizaine d'applications en France, contrairement à nos voisins allemands ou scandinaves, plus friands de cette technique qui offre une alternative au réseau gravitaire. En traitement collectif, elle peut être proposée lorsque l'ouvrage de traitement est trop éloigné, si le substrat rocheux affleure ou lorsque la topographie est excessivement plane. Pour l'ANC, elle est adaptée au cas de sols peu perméables, des nappes hautes, au manque de place, ou pour des raisons topographiques.
En octobre 2008, Salmson conviait des journalistes à visiter leur première installation française à Nesle-et-Massoult (Côte-d'Or), en fonctionnement depuis deux ans. Le village est constitué d'un bourg de 48 maisons qui n'étaient raccordées jusqu'alors à aucun système d'assainissement collectif. Pour chaque particulier, une cuve en polyéthylène enterrée de 1,60 m de haut et 60 cm de diamètre est installée, équipée d'une pompe dilacératrice mini-SDL d'un débit de 9 m3/h. Ces postes de relevage dirigent les effluents vers la station d'épuration, située à 150 mètres environ, via des canalisations en PEHD de DN 63. Le coût des travaux ? « Près de 300 000 euros, soit 70 000 euros de moins que la solution réseau gravitaire », insiste le maire de la commune, Didier Baudry. Une économie qui s'explique surtout par la réduction des contraintes au niveau du chantier : faible profondeur des tranchées du fait des petits diamètres de canalisations nécessaires (63 mm contre 200 mm pour l'assainissement gravitaire) ; en dépit du terrain rocheux, les travaux de tranchée ont été réalisés en deux jours et demi. Au niveau de la maintenance : pas besoin de curage, mais juste d'un nettoyage haute pression du poste deux fois par an ; en outre, les frais d'électricité relatifs au fonctionnement des postes sont à la charge des particuliers, mais ils restent très faibles (estimés entre 5 et 7 euros par an).
UNE RÉGLEMENTATION RIGIDE
Malgré ces avantages, plusieurs facteurs freinent le développement des RRSP. La première porte sur les lourdeurs administratives. Aujourd'hui, les ingénieurs-conseils, comme ceux de Norisko (pour l'application d'ITT Water & Wastewater à Bréville) ou ceux de Fleurot-Morel-Viard (pour celle de Nesle-et-Massoult), reconnaissent que la demande de déclaration d'intérêt général pour l'intervention au niveau du terrain privé, nécessite beaucoup de temps et d'argent. En outre, ils reprochent à la réglementation d'être essentiellement adaptée au gravitaire, laissant peu de marges pour le choix de techniques alternatives comme les RRSP ou les réseaux sous vide.
Du côté de Nesle-et-Massoult, la mairie semble satisfaite de son choix. « Depuis deux ans, nous déplorons seulement trois interventions : une pince à cheveux coincée dans la pompe, une sonde en panne et une casse sur le poste d'une maison secondaire, conclut Didier Baudry. Quant aux frais d'assainissement, malgré le passage à un système collectif, les frais restent peu excessifs : 20 euros en part fixe et 0,37 euro le mètre cube ».