Si les lingettes simplifient la vie de tout un chacun, elles compliquent celle des exploitants de réseaux et stations ! En effet, les pompes centrifuges classiques, souvent installées en tête de station ou dans les postes de relevage, tendent à accumuler les fibres et les débris sur le bord d'attaque au cours du cycle de pompage. Cela provoque une chute du rendement, le colmatage, voire
le blocage de la roue. Face à ce problème, plusieurs fabricants - Hidrostal, KSB, ITT Water Wastewater et Side Industrie - proposent des solutions.
Le fondateur d'Hidrostal a déposé un premier brevet de roue à vis centrifuge dans les années 1960. Ce fabricant, distribué en France par Weir Minerals, propose désormais des pompes submersibles, immersibles et des pompes de surface incluant ce mécanisme. De par sa forme spécifique, la roue fonctionne comme une vis d'Archimède dans les liquides clairs, et comme un tire-bouchon dans les boues épaisses et les liquides chargés. En effet, la section de passage dans la roue est importante et constante de l'aspiration au refoulement.
L'extrémité de la roue vient en retrait du cône d'entrée, et elle ne peut donc pas accrocher les filasses. Le flux de liquide change de direction progressivement, ce qui permet un passage en douceur des solides importants. Enfin, la courbe engendrée par cette roue est très verticale, ce qui permet une réserve de puissance en cas de création de bouchon. Les dégrilleurs en entrée de station deviennent donc inutiles. En outre, le rendement de ce type de roue (80 % et plus) est élevé et limite la consommation d'énergie.
KSB a repris ce principe avec la roue D, une roue monocanal diagonale ouverte pour des eaux usées contenant des particules solides et des matières fibreuses longues. « La spire hélicoïdale a un effet "sécateur", précise Bernard Vignals, ingénieur chez KSB. Elle déchire les lingettes en sections plus petites, mais elle ne les broie pas, ce qui est important pour la suite du traitement puisque les lingettes sont fabriquées dans des matières souvent non biodégradables. »
Face à ce même problème des solides filandreux, ITT Water & Wastewater propose les pompes Flygt dont la roue N semi-ouverte à deux canaux (la présence de deux canaux implique de plus petites sections de passage que les pompes monocanal) est autonettoyante. Une rainure de dégagement à l'intérieur de la volute génère un autonettoyage par le liquide traversant la pompe. Cela prévient le risque de colmatage et se traduit par une moindre consommation d'énergie.
Enfin, Side Industrie a fait évoluer sa famille DIP Système, procédé de pompage en ligne en prise directe avec l'arrivée d'effluent, pour permettre le passage des solides fibreux. Le corps d'entrée de l'effluent dans la pompe, qui formait un angle droit, est désormais courbe pour un passage plus fluide. Les deux blocs-moteurs jumelés par un corps hydraulique sont équipés de roues coniques vortex dont le sens de rotation est réversible. Et si une lingette s'y enroule, la perte temporaire de débit est compensée par l'accélération de la rotation jusqu'à la fin du cycle de pompage. Lorsque le tissu sort des roues, il est déchiré et réduit à la section de passage, mais la forme des roues limite la probabilité d'un bouchage. Des versions munies de dents de dilacération sont également disponibles pour les cas extrêmes.