RÉDUIRE L'EMPREINTE
DES SERVICES D'EAU
Il s'agit en fait d'une méthode dont la première étape consiste à évaluer l'empreinte environnementale des services d'une collectivité et à diagnostiquer les marges d'amélioration. La ville est définie comme un écosystème avec ses fonctions, ses flux et ses enjeux.
Trois empreintes sont calculées : sur le climat ; sur les milieux aquatiques et la biodiversité ; sur la ressource en eau. Ensuite, une feuille de route est définie, avec des objectifs contractuels de protection de l'environnement et de gestion des services, proposant des technologies adaptées aux objectifs et aux moyens du client. La dernière étape consiste à rendre compte des résultats et de la progression. Cette offre a été testée au niveau du Grand Dijon, avec lequel Suez Environnement a signé un partenariat.
Si le label Edelway cible tous les métiers, son offre Green Cubes est centrée sur la station d'épuration. Elle transforme cette usine - à l'image si dépréciée - en une « plate-forme environnementale source d'énergie ». Cela passe par une recherche du potentiel énergétique des boues (pouvoir calorifique), des eaux usées (chaleur et énergie hydraulique) ainsi que par une valorisation matière des boues (engrais).
Green Cubes peut se voir comme une boîte à outils composée de plus d'une soixantaine de technologies, brevetées ou non, et de bonnes pratiques combinées autour de quatre axes (voir tableau ci-dessus).
Cela comprend l'utilisation d'équipements à faible consommation énergétique, de systèmes de récupération d'énergie (thermique, hydraulique...), de système de production d'énergies renouvelables externes (solaire, éolien, etc.) ainsi que la valorisation énergétique de la biomasse.
L'idée est d'optimiser le traitement de l'eau et des boues en intégrant l'aspect énergie. Pour cela, des technologies matures sont proposées - comme le pilotage en temps réel avec régulation - tandis que certaines, telle la gazéification, sont à un stade industriel, et d'autres, telles les piles à combustibles (PAC), sont encore expérimentales.
La voie royale consiste à tirer le PCI de la biomasse produite. Tout d'abord par la digestion des boues, durant laquelle 30 à 40 % de la biomasse produite sont digérés. « La digestion n'est pas encore très développée en France, parce que l'école française préfère garder le carbone pour la nitrification-
dénitrification, au lieu de le faire partir avec les boues primaires », explique
Pascal Dauthuille, responsable du pôle assainissement et environnement du Cirsee, centre de recherche de Suez Environnement. Or le taux de conversion en biogaz de la biomasse est de 40 % avec des boues primaires et de 30 % avec des boues secondaires.
50 % DE RÉCUPÉRATION
EN ÉLECTRICITÉ
En amont de la digestion, des ultrasons ou une thermolyse peuvent être employés pour accroître la biomasse. En aval, on retrouve de la cogénération qui permet de transformer 35 % du PCI du biogaz en électricité et
60 % en chaleur, les pertes étant de 5 %. Avec une PAC, on arrive à 50 % de récupération en électricité, ce qui est plus intéressant car la chaleur produite, difficilement utilisable, est souvent perdue et ne sert qu'à chauffer les bâtiments du site. « On travaille sur cette question, avec l'idée d'utiliser cette chaleur pour chauffer une serre solaire ou faire du froid », ajoute Pascal Dauthuille. Il faut aussi noter qu'à l'heure actuelle, les PAC ne sont pas viables car elles sont trois fois plus chères que les moteurs de cogénération.
« Si l'objectif affirmé est d'optimiser les paramètres énergétiques d'une station, et de tendre vers l'autosuffisance, cela ne doit pas se faire au détriment de la qualité du traitement de l'eau qui reste la mission première », conclut-il.