Le dossier des filiales communes de Veolia Environnement et Suez Environnement devrait connaître un dénouement proche, comme l'a révélé le journal Les Échos (édition du 13-14 février 2009). Rappelons les faits : en 2002, le Conseil de la concurrence demandait au ministre de l'Économie et des Finances de remettre en cause les filiales communes de la Compagnie générale des eaux ( Veolia Environnement) et Lyonnaise des eaux ( Suez Environnement), estimant que les deux sociétés « détiennent une position dominante collective sur les marchés de l'eau et de l'assainissement et qu'elles en ont abusé » ; ce que ledit ministère avait expressément demandé il y a deux ans.
CONCURRENCE FAUSSÉE
Le Conseil avait aussi rappelé que les marchés de la distribution et de l'assainissement d'eau étaient très concentrés, précisant que ces deux sociétés en détenaient « environ 85 % » et qu'elles avaient créé des entreprises communes dans plusieurs régions. La conséquence étant que la concurrence en avait été faussée car « à partir de juin 1997, lors de plusieurs appels d'offres publics lancés par des collectivités, les sociétés mères [s'étaient] abstenues de présenter leur candidature », et donc de concurrencer leurs filiales communes, selon l'avis du Conseil. Ce dernier n'avait cependant pas demandé de sanctions financières à l'encontre des deux groupes, « prenant en considération le fait que les autorités chargées du contrôle des concentrations n'avaient pas remis en cause, en amont, la création des entreprises communes et que celle-ci avait parfois résulté des exigences des collectivités plus que de la volonté des sociétés mères ».
Dix sociétés sont donc concernées. Elles opèrent entre autres pour le compte des services d'eau et d'assainissement des villes de Marseille, Lille, Versailles, Saint-Cloud, Salon-de-Provence, Saint-Étienne, Nancy, Arles ainsi qu'en outre-mer (voir tableau). Selon Les Échos, le décroisement des sociétés a nécessité plusieurs mois de négociations. L'accord entre les deux groupes doit maintenant recevoir l'aval des autorités de la concurrence françaises (en mars)
ainsi que celui des instances représentatives du personnel des sociétés concernées et celui des autorités européennes (en juin), pour que puissent être finalisés les échanges de participations financières.
Pour les collectivités concernées, cette opération n'aura pas d'effet immédiat. Pour les deux groupes, l'impact sera également marginal, comme l'a souligné Bernard Guirkinger lors de la présentation des résultats annuels de Suez Environnement, étant donné qu'il s'agissait de s'échanger équitablement des participations. En revanche, cela va changer le statut du personnel ainsi que le positionnement géographique des deux groupes. Par exemple dans les Bouches-du-Rhône, où Veolia Environnement va récupérer la Société des eaux de Marseille (SEM) et la Société des eaux d'Arles. De son côté, Suez Environnement se renforcera dans le Nord, avec la Société des eaux du Nord, ainsi qu'en banlieue parisienne avec la Société des eaux de Versailles et Saint-Cloud (Sevesc). Selon Bernard Guirkinger, le décroisement devrait être finalisé avant début décembre 2009.