Aujourd'hui, il existe 71 pôles de compétitivité en France, mais pas un seul totalement consacré à l'eau. Pourtant, plusieurs projets ont été présentés par différentes Régions (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Centre, Alsace, Lorraine). Mais le Premier ministre François Fillon a décidé de geler toute nouvelle création de pôles en 2008, jusqu'à la réalisation d'un audit d'évaluation, et a indiqué que seules les écotechnologies pourraient en bénéficier.
Les projets de création sur le thème de l'eau sont donc repartis de plus belle, et c'est celui dont le centre névralgique est situé à Montpellier qui dispose aujourd'hui de la candidature la plus avancée(1). « Son thème est la gestion de la ressource en eau dans un contexte de disponibilité restreinte liée aux changements globaux (changement climatique, urbanisation, démographie galopante, usages des sols, sécurité alimentaire, etc.) », explique Pierre Chevallier, directeur de l'Institut languedocien de recherche sur l'eau et l'environnement ( ILEE). Il souligne en particulier la reconnaissance des compétences des chercheurs montpelliérains concernant les aquifères complexes (en milieu calcaire, fracturé, etc.), dont le rôle est primordial pour les questions d'accès à l'eau et de stockage dans les pays du Sud.
Ce projet s'appuie sur un « Cluster Eau », une structure créée pour l'occasion en février 2008 au sein de l'association VERSeau Développement et présidée par Veolia Eau. La communauté scientifique est quant à elle représentée par l'ILEE, un Institut fédératif de
recherche regroupant douze établissements autour du thème de
l'eau, soit près de 600 chercheurs.
Le premier projet de création de pôle présenté en 2007 par le préfet de la Région Languedoc-Roussillon réunissait déjà scientifiques, industriels et collectivités à travers VERSeau et le réseau d'entreprises Swelia. Une nouvelle proposition a donc été transmise en novembre dernier, « avec le souhait de fédérer toutes les équipes qui travaillent sur le thème de l'eau au sein de différents clusters régionaux répartis sur le territoire hexagonal », ajoute Pierre Chevallier. Car il n'y aura sans doute pas de place pour deux pôles de compétitivité sur l'eau en France.
L'EAU DANS UNE
UNIVERSITÉ UNIQUE
Autre point fort du dossier : l'existence d'un volet « eau » dans le projet de création d'une université unique à Montpellier (baptisée Montpellier Sud de France) avec son « plan Campus », validé par le gouvernement, qui a pour ambition de créer un campus transdisciplinaire orienté vers le vivant, les sciences et techniques, ouvert vers la ville, le monde socio-économique et tourné vers l'international.
Enfin, il existe également à Montpellier une chaire Unesco et deux projets de chaire d'entreprise. Le premier, déjà bien avancé, résulte d'une proposition de Suez Environnement et de Paris Tech (réunion de onze grandes écoles parisiennes dont l'Engref de Montpellier et l'École des mines de Paris) sur la gestion de l'eau dans une logique intégrant les pays du Sud. Le second associe Veolia Environnement à une communauté de recherche et d'enseignement supérieur de la Région Languedoc-Roussillon. Une richesse de projets qui permet d'envisager une fin heureuse pour ce pôle de l'eau.