Le bilan des seize ans passés depuis la création de la première Direction de l'eau au sein du ministère de l'Environnement, en 1992, est particulièrement riche. C'est au cours de ces années que l'eau a pris une place vraiment centrale dans les politiques de défense de l'environnement, devenant en fin de compte « une des seules politiques environnementales abouties, avec à la fois des objectifs clairs, des instances de régulation et des outils pour faire appliquer les règles », selon les termes de Pascal Berteaud, qui fut directeur de l'eau entre 2003 et 2008. Au cours de ces seize années, les directives européennes et les amendes en cas de manquement sont devenues une priorité des administrations ; la lutte contre les pollutions diffuses, la prévention des risques (inondations et autres), la construction de la police de l'eau et la mise en place du financement des agences de l'eau ont été au coeur du travail de la Direction.
Les enjeux d'aujourd'hui ressemblent parfois à ceux d'hier, à l'image du vieux débat sur l'intégration des politiques des risques et de l'eau ou leur séparation. Les deux options se sont succédées régulièrement dans l'organisation administrative française, jusqu'à déboucher sur la séparation actuelle.
La création du ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire en 2008 a été quant à elle plébiscitée par les différents intervenants lors du colloque, en soulignant la cohérence qu'il y avait à traiter d'un même élan les questions d'environnement et d'aménagement du territoire.
Autre constante : l'irritation face au manque de prise en compte des aspects environnementaux par le ministère de la Santé. « Il est très difficile de [lui] faire prendre de la hauteur sur la politique de l'eau », estimait Judith Jiguet (photo ci-dessus), qui était encore, lors de son intervention, directrice de l'eau et de la biodiversité.
D'après elle, parmi les priorités émergentes de l'action étatique figure l'accompagnement des collectivités locales dans le cadre de la décentralisation. « Sur beaucoup de politiques, les collectivités locales
vont se retrouver en première
ligne : les captages prioritaires, les zones humides... Il va falloir accompagner et intéresser les responsables locaux à ces enjeux », soulignait-elle. Une analyse qui trouvait un écho dans la prédiction de Jacques Oudin, ancien président du CFE et du Comité national de l'eau : « L'avenir de la politique de l'eau passe par une montée en puissance des collectivités territoriales et des agences de l'eau, sur la base d'un financement contractuel entre ces dernières, les régions, les départements et les gestionnaires des Sage. »
PASSER DE LA CHIMIE
À LA BIOLOGIE
Autre dossier de poids à la Direction de l'eau : les questions liées au littoral et aux milieux marins ont pris une importance particulière depuis la directive européenne de juin 2008. Enfin, un changement d'orientation concernant la gestion des masses d'eau est en cours. « Après avoir porté attention à la dimension chimique des cours d'eau, il faut aujourd'hui regarder leur qualité biologique », rappelait Judith Jiguet. Quant à l'avenir, c'est à Odile Gauthier de l'écrire, puisqu'elle est, depuis le 25 février 2009, la nouvelle directrice de l'eau et de la biodiversité.