« Sidef est un concept qui permet d'utiliser les capacités disponibles des stations d'épuration urbaines, explique Didier Bigeonneau, directeur général de Sidef, filiale de Veolia. Le taux moyen de charge des stations d'épuration urbaines permet très largement d'accueillir des effluents industriels. » Le Service aux industriels pour la dépollution des effluents (Sidef) vise le prétraitement des déchets liquides faiblement pollués. Il regroupe ces effluents qui sont acheminés vers une station d'épuration urbaine. « Ces stations ont souvent des charges organiques insuffisantes pour bien fonctionner. Les apports de Sidef peuvent corriger ce déséquilibre de charge organique. Enfin, le dispositif permet de contrôler de façon très fine les apports et de les limiter, si la charge maximale est approchée. La maille est de 20 m3, ce qui correspond a une de nos deux cuves de stockage. Tous les lots livrés sont échantillonnés et analysés. »
Créée en 2006, la société Sidef réunit les compétences de Veolia Eau en assainissement et de SARP Industries (Veolia Propreté), spécialiste du traitement et de la valorisation des effluents et déchets industriels spéciaux. Les déchets peuvent provenir de plusieurs types d'industrie : agroalimentaire, papeterie, chimie, etc. Pas suffisamment dangereux pour justifier un traitement spécifique, ils peuvent cependant poser des problèmes dans l'exploitation des stations d'épuration, comme la pollution des boues par les métaux lourds. Économiquement, leur faible volume ne permet pas non plus à l'industriel qui les produit de les prétraiter sur place. « La règle est de pouvoir les prétraiter sur l'installation pour assurer une biodégradabilité correcte. Les effluents prétraités sont ensuite envoyés dans le bassin tampon, qui se connecte en amont de la station biologique », poursuit Didier Bigeonneau
OPTIMISER L'UTILISATION
DES STATIONS URBAINES
Le premier site pilote a été mis en service à Agen en août 2007. Avec le départ de l'entreprise Teisseire, la station d'épuration Jean Malèze, dimensionnée pour 30 000 EH, ne traitait plus que 5 000 EH d'effluents domestiques. La station a donc été aménagée pour pouvoir accueillir les déchets industriels. Trois cuves de stockage de 30 m3 chacune, un laboratoire de contrôle des effluents et un système de prétraitement physico-chimique ont été mis en place. Les boues sont éliminées dans un centre spécialisé et l'air est traité par des filtres à charbon actif. Le coût de 600 000 e a été entièrement financé par le Sidef. Aujourd'hui, une vingtaine d'industriels, tous situés sur un périmètre de 5 à 100 kilomètres alentour, en bénéficient. La facturation du service s'effectue à la tonne, à raison de
15 à 60 e/t, en fonction de la pollution des effluents. « La variation de prix est fonction du coût du prétraitement et notamment du volume de boues générées par ce traitement, qui sont en général envoyées en traitement spécialisé », explique le responsable.
Pour 2009, le Sidef a trois autres projets en cours en France : « Les seuls obstacles sont d'ordre administratif, commente Didier Bigeonneau. Tout autre modèle mutualisé industriel ne peut se concevoir économiquement que dans le cadre de pôles homogènes (agropôles, pôles microélectroniques, pôles pharmaceutiques...) avec des rejets au moins partiellement comparables. Or, l'expérience montre que l'hétérogénéité des flux rend délicate l'exploitation de ces stations collectives. »