« Nous ne savons pas quels flux de nutriments, de sels minéraux, de coliformes sont amenés à la mer par les fleuves… C’est l’un des domaines où la collaboration entre l’Ifremer et l’Onema sera nécessaire », faisait remarquer Axel Romana, responsable de l’environnement du littoral à l'Ifremer.
L'accord de coopération, signé pour une période de quatre ans, permettra d’échanger des connaissances et des méthodes, mais aussi de mener des recherches communes sur les zones où l’eau douce et l’eau marine se rencontrent : le littoral, les lagunes et les estuaires.
Il s’inscrit dans la dynamique impulsée par le Grenelle de la Mer, dont le coup d’envoi a été donné le 3 avril par Jean-Louis Borloo, ministre de l’Environnement. « L’Ifremer doit passer de la DCE à la DSM : de la directive-cadre sur l’eau à la directive de stratégie maritime. Cette dernière ajoute des critères sociaux (habitats), économiques (pêche), ou en termes de macrodéchets de la mer, qui n’étaient pas présents dans la DCE. Nous comptons sur le Grenelle de la Mer pour y sensibiliser les acteurs, » souligne Jacques Serris, directeur général adjoint de l’Ifremer.Bigorneaux mutantsLes écosystèmes côtiers, notamment ceux des estuaires, sont encore souvent mal connus. La surveillance et la bancarisation de données, dans le cadre du système d’informations sur l’eau (SIE) piloté par l’Onema, figureront donc parmi les premiers domaines de collaboration.
Pour cela, des indicateurs pertinents pour l’évaluation de l’état des masses d’eau doivent être développés. Thierry Burgeot, chercheur de l’Ifremer basé à Nantes, travaille ainsi à la définition de biomarqueurs, indicateurs biologiques d’exposition à des contaminants chimiques. Par exemple l’Imposex, masculinisation des femelles bigorneaux, dont l’intensité est proportionnelle à celle de la pollution par le tributylétain. L’étude des polluants et de leurs effets sur les milieux sera au cœur des recherches communes Ifremer-Onema.Solidarité terre-merAu-delà de la surveillance, l’accord-cadre prévoit la diffusion des données recueillies et l’information du public, ainsi que l’élaboration de recommandations pour restaurer les milieux ou pour prévenir au moyen d’alertes les problèmes environnementaux et sanitaires dans les zones côtières. La surveillance spatiale de la chlorophylle présente dans les eaux littorales, menée par l’Ifremer, pourrait par exemple servir à alerter les collectivités en cas de bourgeonnement important d’algues toxiques.
L’accord-cadre prévoit le financement de certaines recherches de l’Ifremer par l’Onema. « Une solidarité doit être mise en place entre la terre et la mer afin de financer la surveillance de la mer, qui ne génère pas de redevances comme celles perçues pour l’eau douce, » affirmait Patrick Lavarde, directeur général de l’Onema.C.K.Le site de l'IfremerLe site de l'Onema