La nouvelle toiture végétalisée du lycée Jean-Moulin, à Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), est le signe le plus visible des choix qui ont été faits, lors de sa reconstruction, pour mieux gérer les eaux pluviales. La pluie qui s'y dépose, une fois filtrée par la végétation, est réutilisée pour l'alimentation des toilettes des élèves, quelques travaux de nettoyage et une partie de l'arrosage extérieur.
Ce lycée professionnel est l'un des deux cents établissements d'Île-de-France concernés par une campagne de construction et rénovation débutée en 1998, cinquante d'entre eux s'inscrivant dans le cadre d'une démarche environnementale. « L'un des objectifs visait à envisager la gestion de l'eau et des eaux de pluie au niveau de chaque parcelle, avec un aménagement paysager intégrant l'eau, dès le concours d'architecture, pour limiter les renvois vers le réseau, la récupération des eaux de pluie pour un usage local et, pour les sites isolés non raccordés, une épuration naturelle des eaux usées », a rappelé Agnès Lauret-Grémillet, chargée de mission qualité environnement au conseil général d'Île-de-France, venue présenter le projet lors du
2e Forum national sur la gestion durable des eaux pluviales organisé par Réseau Idéal en mars dernier.
La toiture couvre une surface de 3 000 m2, plantés de sedum ras qui ne nécessite aucun arrosage ni entretien. Les eaux du parvis et des toitures-terrasses ne sont pas réutilisées car elles peuvent être souillées, alors que les éventuels déchets sont retenus par la végétalisation de la toiture. Les eaux réutilisées ne subissent en effet aucun traitement. « L'un des critères les plus importants était de limiter les opérations de maintenance et d'entretien. Il fallait trouver des solutions simples et robustes », souligne Malik Mouhoud, chef de projet au conseil général d'Île-de-France. Les eaux récupérées sont réunies dans un ouvrage de stockage en béton, au sous-sol. « Nous avions décidé de garder toutes les installations sur le site, de les rendre visibles et accessibles, mais il a fallu tenir compte du bruit des pompes de relevage, qui peut poser problème dans un lycée », indique Pierre Flament, ingénieur au bureau d'étude Iosis.
LA RÉCUPÉRATION AFFECTÉE
À UN USAGE LOCAL
L'utilisation pour l'eau des toilettes a nécessité une dérogation, obtenue auprès de la Ddass en janvier 2007, car la loi en vigueur au début des travaux interdisait tout usage intérieur pour la réutilisation des eaux de pluie. À l'extérieur, les eaux du parking et de ruissellement suivent un autre circuit : elles sont diffusées vers un arrosage au pied des arbres et des massifs, et circulent dans des fossés plantés qui favorisent l'infiltration. « Nous ne voulions pas de caniveaux qui nécessitent de la maintenance et nous avons également éliminé les séparateurs d'hydrocarbures qui sont souvent trop peu entretenus et donc inefficaces », appuie Malik Mouhoud. Le trop-plein est ainsi conduit vers un bassin de rétention paysager de 80 m3.
Les travaux sont en cours d'achèvement et les premiers élèves pourront tirer la chasse de cette nouvelle génération de toilettes en septembre 2009. Faut-il leur souhaiter une rentrée pluvieuse pour leur assurer un bon fonctionnement écologique ?