Chaussées de moulin à eau, seuils et clapets agricoles, le bassin de la Sèvre Nantaise compte environ 240 ouvrages hydrauliques, soit un tous les 1,7 km. La question du devenir de ces petits aménagements se pose avec d'autant plus d'acuité que le principal facteur limitant identifié à ce jour pour atteindre le bon état écologique de l'eau en 2015 est la dégradation de l'hydromorphologie des cours d'eau.
Dans le cadre du Sage, l'Institution interdépartementale du bassin de la Sèvre Nantaise (IIBSN), établissement public de bassin, en partenariat avec sept syndicats de rivière, a mis en place une démarche originale de gestion des ouvrages. Entre 2000 et 2001, l'IIBSN a élaboré une grille d'évaluation collective des ouvrages du bassin. « Nous sommes allés voir chaque ouvrage l'un après l'autre avec l'ensemble des acteurs concernés », explique Antoine Charrier, chargé de mission à l'IIBSN. Une évaluation de chaque ouvrage a été réalisée de 2001 à 2005 en fonction de son impact (sur la fonction biologique, la qualité de l'eau, la vie piscicole, etc.) et de son intérêt (eau potable, paysage, patrimoine, etc.).
MISE EN PLACE DE MESURES COMPENSATOIRES
À partir de 2004, trois sites pilotes ont été retenus sur le bassin versant en prenant en compte, en priorité, les ouvrages publics pénalisant la continuité écologique et sans intérêt pour la collectivité. Ces ouvrages sont souvent très anciens et inutiles. « Le bassin comptait autrefois de nombreuses lavandières et des abattoirs. Les ouvrages servaient de chasse d'eau, mais leur utilité a complètement disparu aujourd'hui », explique Boris Lustgarten, directeur de l'IIBSN.
La première opération de renaturation a été menée en 2004 sur le clapet du site de la Motte, à Mouzillon (Loire-Atlantique), sur la Sanguèze. Ce plan d'eau était en cours d'abandon suite à un envasement et des pollutions récurrentes (eutrophisation, cyanobactéries). Le clapet a été complètement abaissé et un suivi scientifique a été mis en place. Les résultats constatés se sont révélés intéressants puisque l'eutrophisation a nettement régressé. À la suite de cette opération, il a été décidé de rouvrir toute la rivière aval sur environ dix kilomètres. Une deuxième opération a visé l'effacement du Plessis et de la Nombretière sur la Moine en 2006, avec la mise en place de mesures compensatoires, telles que radiers, clôtures et abreuvoirs).
DES ACTIONS PILOTES PÉDAGOGIQUES
« Les résultats sont positifs, surtout par rapport à l'appropriation des acteurs locaux, élus, pêcheurs, etc. Ce travail fastidieux a demandé beaucoup de pédagogie », déclare Antoine Charrier. Dans les deux cas, un effort important de communication a été réalisé, par rapport aux riverains notamment : mise en place de comités de pilotage locaux, multiples réunions publiques, panneaux d'information installés sur le site. En outre, un suivi scientifique a été réalisé sur trois ans. « L'inertie de telles actions est assez importante et nous réfléchissons aux meilleurs indicateurs pour démontrer leur efficacité », ajoute-t-il.
Au vu des résultats intéressants sur les habitats, la faune et la flore, ces sites pilotes ont servi d'exemple. Ainsi, le deuxième contrat restauration entretien (CRE) signé sur la période 2008-2012, pour un montant de 1,8 million d'euros, prévoit une action sur trente ouvrages.