En juin 2008, Coyne et Bellier, filiale de Tractebel Engineering (Suez GDF), en association avec Tractebel Engineering elle-même et Kema, ont commencé l'étude de faisabilité technico-économique et environnementale de la canalisation mer Rouge-mer Morte. Début mars 2009, les trois parties prenantes du projet -Jordanie, Israël et l'Autorité palestinienne -, la Banque mondiale et le bureau d'études se sont réunis, malgré un contexte international tendu. Ils ont alors fixé le débit de la canalisation à 60 m3 par seconde ; la moitié irait alimenter la mer Morte pour lui faire retrouver puis conserver sa cote actuelle à 424 mètres sous le niveau de la mer. Le reste serait dessalé et réparti entre la Jordanie, Israël et l'Autorité palestinienne : en 2020, date où la conduite devrait entrer en activité, ils recevraient respectivement 226, 60 et 30 millions de mètres cubes par an.
Lors de cette réunion, trois projets de tracé ont été présélectionnés. La première variante est une conduite enterrée, dans laquelle les eaux sont pompées jusqu'à la cote 320 m avant de redescendre jusqu'à la mer Morte. Cependant, « cette canalisation traverserait une vallée où les risques sismiques et d'inondations sont grands », explique Jacques Schittekat, ingénieur géologue et directeur du projet chez Coyne et Bellier. Autre option : l'eau serait pompée jusqu'à la cote 230 m dans un réseau alternant des conduites souterraines et des canaux, et évitant cette vallée. En arrivant à la mer Morte, elle atteindrait une pression hydrostatique suffisante pour être dessalée par osmose inverse sans apport d'énergie. « Les portions à ciel ouvert sont moins coûteuses à construire mais plus chères à entretenir, et il y a des risques d'ensablement. En outre, des ouvrages de protection lourds et coûteux sont nécessaires afin de se prémunir contre les crues éclairs, parfois dévastatrices », note Jacques Schittekat.
ÉTUDES EN COURS
Troisième scenario, une canalisation partant de la cote 0 et acheminant l'eau par transfert gravitaire. Le dessalement serait réalisé vers la cote 0, « limitant les coûts de relèvement de l'eau dessalée jusqu'à la capitale de la Jordanie », précise l'ingénieur. Le coût total de chacune des trois solutions s'élève à près de 7 milliards de dollars.
Deux études complètent l'étude de faisabilité : l'une sur l'impact de la canalisation sur les caractéristiques hydrochimiques de la mer Morte, l'autre sur l'impact des prélèvements sur la mer Rouge et ses fonds. Elles s'achèveront à l'automne 2010. Si la faisabilité est positive, les travaux pourraient commencer en 2011.