Le responsable développement durable a fait son entrée dans le secteur de l'hébergement touristique il y a un peu plus de cinq ans. Certes, les politiques environnementales existaient déjà, sous l'impulsion d'un directeur particulièrement sensible au sujet, mais les projets se structurent vraiment aujourd'hui. En quelques années, le DD est devenu incontournable : pour les plus avancés, la fonction ne se limite plus à une seule personne pluridisciplinaire, mais à une véritable équipe de spécialistes en environnement, en communication ou en questions sociales. « L'idée n'est pas de révolutionner les hôtels, mais d'intégrer l'environnement dans les projets », explique Charline Bergeron, coordinatrice développement durable chez Best Western.
Les responsables DD ont souvent démarré leur mission sur les économies d'eau et d'énergie. « Nous nous sommes fixés en 2006 l'objectif de réduire notre consommation en eau et énergie de 10 % à l'horizon 2010, indique Hélène Roques, directrice DD du groupe Accor. La moitié des économies de blanchisserie est ensuite reversée à sept ONG qui mènent des projets de reforestation et de développement local. » Si les principes sont simples, ce travail a nécessité un an de préparation pour les équipes qu'anime Hélène Roques. « Ce n'était pas évident de persuader les employés de ne pas ramasser les serviettes de bain, même lorsque le client donne son accord ! Il y a un gros travail d'organisation depuis les systèmes d'information, les partenariats, jusqu'au suivi des projets de plantations par les ONG. »
Accroître la part des produits équitables est devenu un autre dossier d'importance pour le responsable DD. « Ce fut une de mes premières tâches, se souvient Charline Bergeron. Aujourd'hui, nous imposons au moins un produit équitable au petit déjeuner. L'approche fonctionne bien auprès des hôteliers car elle ne nécessite pas de gros investissements. »
Les missions du responsable DD vont jusqu'à l'écoconstruction. Pour Marie Balmain, chez Pierre et Vacances, ce n'est pas le plus compliqué. « Travailler sur du neuf, même sur des nouvelles constructions à très haute performance énergétique, s'avère souvent plus facile qu'en rénovation où nous n'avons pas toujours de solution économiquement supportable. »
Suite logique de ces initiatives, les responsables DD planchent maintenant sur la certification afin de faire reconnaître leurs progrès environnementaux. Marie Balmain pilote la mise en place d'une démarche de progrès. Best Western mise sur l'écolabel européen. « Il y a trois ans, il n'y en avait aucun en France. Aujourd'hui, neuf hôtels sont labellisés. J'appuie nos adhérents dans leur démarche par le biais de diagnostics environnementaux, d'élaboration de plan de progrès et de participation financière. Sans ce rôle de coordination, les petits hôtels ne décrocheraient pas ce label ! »
Souvent moins avancé, le pilier social fera partie des enjeux de demain. Accor en a fait une priorité, notamment pour les implantations à l'étranger : prévention contre la prostitution des enfants en Asie du Sud-Est, de lutte contre le paludisme ou le sida. « L'an dernier, avec des ONG locales, nous avons formé 11 700 collaborateurs contre le tourisme sexuel impliquant les enfants. »
Le plus difficile à mettre en place ? Pour Hélène Roques, aucun doute, ce sont « les indicateurs et le reporting. Même si on essaye de faciliter les choses, c'est du temps en plus ». Pas toujours évident non plus de convaincre sur les économies d'énergie. « La rentabilité se calcule parfois sur des dizaines d'années. Cela ne favorise pas la prise de décisions pour les gros investissements », reconnaît Marie Balmain. Tout le travail du responsable DD est donc de convaincre le personnel et les dirigeants d'hôtels. Il ne faut pas manquer de persuasion ! Un métier où les déplacements, les courriers électroniques et les contacts téléphoniques sont nombreux. « Le DD reste tout de même un thème fédérateur grâce auquel il est simple de percevoir les gains en termes de clientèle et de différenciation vis-à-vis de nos concurrents, insiste Charline Bergeron. Cela facilite notre travail. » Et puis, comme le note Hélène Roques, le personnel est peut-être plus réceptif qu'ailleurs. « Au contact des voyageurs, les employés sont aussi plus ouverts sur le monde. Les métiers de tourisme obligent à s'engager pour la planète. »