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Le programme Piren-Seine fête ses vingt ans

LA RÉDACTION, LE 1er OCTOBRE 2009
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Vingt ans ! Une telle longévité pour un programme de recherche est rare. Pour ses noces de porcelaine, le Piren-Seine a donc organisé un colloque pour communiquer ses résultats et lancer des pistes pour le prochain volet. La cinquantaine de millions d'euros dépensés, quarante chercheurs à temps plein sur une centaine au total et cinq programmes tétra annuels ont en effet permis de mieux connaître ce bassin de la Seine qui a radicalement changé en quelques siècles. Comme l'expliquait Jean-François Saglio, président du comité des partenaires du Piren-Seine, « c'est un véritable travail de bénédictin hissant haut la bannière de saint Georges qu'a fait Ghislain de Marsilly pour le créer en 1989 ». L'HISTOIRE POUR EXPLIQUER LE PRÉSENT Le regard sur l'histoire du bassin de la Seine montre que les aménagements dans le fleuve sont, pour certains, très pérennes. « Notre futur sera affecté par des décisions de gens vivant il y a plusieurs siècles », souligne Michel Meybeck, directeur de recherches au laboratoire Sysiphe (structure et fonctionnement des systèmes hydriques et continentaux) au CNRS/Université Pierre-et-Marie-Curie. Malgré un débit de la Seine parmi les plus faibles au monde et un indice de pression anthropique de 13, à comparer avec celui de 0,5 pour le Rhône, l'aménagement est constant depuis que la tribu des Parisii s'y est installée au IIIe siècle après J.-C. Bassins-réservoirs, endiguement et chenalisation, extraction de granulats, agriculture, production d'eau potable et assainissement, tout est fait pour nourrir et bâtir la ville, lui apporter de l'énergie et diluer ses déchets. Mais rien n'est fait pour épargner ce fragile système, d'autant que plusieurs révolutions culturelles y ont laissé des traces. « La révolution hygiéniste a fait que la Seine est devenue agent de nettoyage universel », rappelle Sabine Barles, du laboratoire Théories des mutations urbaines à l'Institut français d'urbanisme. En moins de deux cents ans, la consommation unitaire a de fait été multipliée par quarante. La réutilisation des excrétas a été abandonnée au profit des engrais de synthèse avec, pour conséquence, le rejet des eaux usées dans le fleuve. Et les méthodes agricoles traditionnelles (rotation des cultures, utilisation des déjections animales pour enrichir les sols, etc.) ont été délaissées avec la volonté politique de l'autosuffisance. Aujourd'hui, le retour sur la politique agricole commune montre que l'écoconditionnalité des aides ne suffit plus. Pascal Maret, de l'agence de l'eau Seine-Normandie souhaite sortir de cette logique de compensation, dévalorisante pour l'agriculteur (payer pour ne pas faire). Gilles Billen, directeur de recherches au CNRS montre, à travers une modélisation, que de bonnes pratiques agricoles ne permettront, au mieux, que de stabiliser le niveau de contamination de la Seine. « La modélisation montre que, si rien ne change, le niveau limite de potabilité sera dépassé dans dix ans », poursuit-il. Céline Schott, de l'unité Sad-Aster de l'Inra plaide de même pour une agriculture visant à restaurer un bon état écologique tout en nourrissant la population du bassin et en lui fournissant une eau de qualité. Quant à l'endiguement du fleuve, long de 850 kilomètres et pourvu de 87 barrages, il est peut-être aujourd'hui en questionnement, mais il faut faire avec. La conséquence directe est une capacité de 250 Mm3 au niveau des barrages et lacs-réservoirs avec des fonctions visant à réguler l'étiage et à écrêter les crues. LES POLLUANTS DE DEMAIN Lors de ce colloque, fut aussi abordée la question des polluants émergents. Face au constat présenté par le directeur du Piren-Seine Jean-Marie Mouchel et par Pierre Servais, de l'unité de recherche Écologie des systèmes aquatiques à l'université libre de Bruxelles, Jacques Bories, directeur des études de la prospective et de l'évaluation environnementale à l'agence de l'eau Seine-Normandie, estime que « le gros du travail (MES, matières oxydables, etc.) est fait. Restent ces nouvelles familles de molécules ». Quant aux micro-organismes fécaux, une étude sur la Seine, l'Oise et la Marne montre que leurs eaux ne présentent pas de concentration suffisamment faible pour en faire des zones de baignade, d'après la directive à transcrire en droit national. Faudra-t-il équiper toutes les stations d'épuration du bassin d'un traitement de désinfection par UV, mais aussi ajuster les procédés épuratoires pour les faire arrêter ces nouvelles molécules ? La question reste en suspens. LANCER LES PROCHAINS THÈMES DE RECHERCHE S'il a montré l'utilité de ces vingt ans de recherches avec, notamment, des applications pratiques comme le logiciel Prose aujourd'hui utilisé en routine par le Siaap pour l'hydrodynamique et le transport biogéochimique dans les réseaux, ce colloque a été aussi l'occasion de lancer des thèmes pour le 6e programme de recherche. Pour Michel Androt, à la Diren, la gouvernance constitue la prochaine révolution. Et c'est un tabouret en équilibre sur trois pieds qu'il évoque pour tout projet à mener sur le bassin : économique, social et écologique - un dernier point à prendre en compte en amont. Daniel Villessot, directeur scientifique de Lyonnaise des eaux, appelle à ne pas tomber dans ce que la DCE nomme « les coûts disproportionnés », au regard de tous ces ajustements dans les procédés épuratoires. Selon lui, les membranes pourraient apporter une partie de la solution, tandis que l'efficacité des zones humides sur les nouvelles molécules biodégradables devrait être étudiée. L'académicien des sciences et ancien directeur du Piren-Seine, Ghislain de Marsilly, conclut sur cette inégalité qu'ont les peuples face à une ressource en eau de qualité, notamment en Afrique, où la ressource est rare, et en Asie, où l'autosuffisance alimentaire ne sera plus assurée en 2050. Et il propose dans la foulée de lancer un programme identique sur un bassin tel celui de la Volta au Niger sous l'égide de la loi Oudin-Santini.


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