L'Ineris a conçu, en collaboration avec EDF, un outil utilisable dans un contexte industriel et apte à évaluer directement les impacts environnementaux générés par l'ensemble des substances rejetées par une activité de production. Un élément clé pour un industriel qui doit satisfaire à la réglementation, et notamment la directive-cadre sur l'eau - qui vise à atteindre le bon état écologique et chimique des milieux aquatiques d'ici à 2015 - ainsi que le règlement Reach, qui impose aux industriels l'évaluation et la gestion des risques liés aux substances chimiques.
Encore au stade de prototype, cette installation appelée station Mire - pour module intégrateur des rejets dans l'environnement - permettra de surveiller la présence de polluants dans les effluents industriels ainsi que leurs possibles effets sur la faune et la flore du milieu. Constituée de différents appareils de mesures écotoxicologiques, la station Mire, dont l'autonomie est de huit jours, peut être placée directement au contact de l'effluent ou en aval de l'exutoire. Parmi les appareils d'analyses en continu, deux toximètres enregistrent le comportement de nage de poissons et de daphnies qui représentent des organismes cibles particulièrement sensibles aux perturbateurs endocriniens. Un autre toximètre mesure l'activité photosynthétique des algues dans le but d'évaluer un éventuel impact sur la croissance de ces organismes. En cas d'altération de l'activité natatoire de ces derniers (vitesse de nage, hauteur...) ou d'inhibition de la croissance d'algues, une alarme se déclenche et actionne un préleveur automatique pour permettre une analyse chimique de l'eau. « Avec ce système, l'installation mobile présente un double intérêt. Elle permet, d'une part, de mettre en évidence un éventuel impact toxique sur des organismes vivants et, d'autre part, de cibler avec précision les périodes de prélèvement en vue de la réalisation d'analyse chimique », détaille Éric Thybaud, responsable du pôle dangers et impacts sur le vivant de l'Ineris. En effet, une analyse chimique ne pourra à elle seule caractériser l'interaction des substances présentes dans l'effluent ou dans le cours d'eau.
UN DISPOSITIF DE SIMULATION À MOYENNE ÉCHELLE
Après une phase de validation des appareils de détection automatique, le prototype est actuellement testé sur le mésocosme de l'Inéris qui s'apparente à un écosystème artificiel. Ce dispositif expérimental clos offre la possibilité d'étudier les effets de polluants en simulant à moyenne échelle les conditions d'un milieu aquatique. Cette méthode permet surtout de maîtriser la présence des toxiques et les conditions de stress, tout en évitant de contaminer le milieu naturel. En outre, cela exclut la possibilité d'interférence avec des substances déjà présentes dans l'eau. Lorsque la validation des appareils d'analyses sera terminée, la station Mire pourra être mise en place en amont et en aval d'installations de production d'électricité d'EDF à partir de 2010. Si la phase opérationnelle apporte des satisfactions, plusieurs exemplaires de cet outil innovant d'évaluation des impacts environnementaux pourront être créés.