C'est une tête bien connue dans la profession qui vient d'être nommée, début septembre, directeur général adjoint production-distribution d'Eau de Paris. Intervenant régulièrement dans de nombreux colloques - et dans notre magazine -, Nicolas Gendreau était, depuis six ans, directeur de l'eau du conseil général des Hauts-de-Seine (CG92), où il partageait son temps entre la gestion des réseaux d'assainissement et l'aménagement des berges.
Au sein d'Eau de Paris, il occupe désormais un rôle clé, car l'un des challenges importants de la nouvelle régie est de reprendre en main la distribution de l'eau à plus de deux millions de Parisiens, celle-ci étant encore assurée jusqu'à la fin de l'année par les filiales de Veolia Eau en rive droite et Suez Environnement en rive gauche. S'il est conscient du caractère emblématique et politique de ce changement de mode de gestion, il se positionne avant tout comme un ingénieur passionné par le secteur de l'eau et désireux d'assurer au mieux sa mission de service public. Une valeur qui est, selon lui, partagée tant par le public que par le privé.
Ingénieur de l'Engref, il a fait ses premières armes entre 1991 et 1994 à la DDAF de Haute-Loire, avant de rejoindre le Cemagref pour travailler sur les inondations. Il se passionne alors pour la modélisation de ces phénomènes physiques, et s'intéresse aux interactions inondation-aménagement du territoire. C'est là que lui vient le goût du travail au contact des collectivités, porté par une mission d'aide à la décision politique. « Au Cemagref, on apprend à bien maîtriser les fondamentaux et les traduire en méthodes et outils pour l'ingénieur terrain », explique-t-il.
En 2002, il décide de passer du côté des décideurs en entrant au CG92. « À cette position, il faut choisir, sans forcément avoir tous les éléments pour. C'est extrêmement intéressant de devoir, à la fois, trouver des solutions à court terme et alimenter sa réflexion pour proposer d'autres solutions à moyen terme. »
Aujourd'hui, il travaille à l'organisation de ses équipes, mais aime à se plonger, quand il en a le temps, dans les calculs des ingénieurs de son service, « par curiosité, pour voir comment ils ont résolu un problème ». Est-il inquiet d'avoir à regrouper des personnels provenant de tant de structures publiques et privées ? « Il s'agit là de logiques classiques bien décrites dans le code du travail et qui sont régulièrement mises en oeuvre dans le cas de fusions-acquisitions. De plus, il y a une vraie convergence de métier. » Quelque 250 salariés des entreprises privées sont ainsi invités à rejoindre Eau de Paris, qui compte déjà environ 600 personnes. Les négociations vont bon train, « d'autant que le dialogue social avec les syndicats fonctionne très bien, et que le statut d'Epic apporte de la souplesse dans la gestion du personnel ».
Quand on lui demande si son ancien employeur public regrette de le voir partir, il rappelle que le changement fait partie du jeu. « Je dirais même qu'il est assez sain de passer d'une structure à l'autre. Et le fait de rejoindre aujourd'hui Eau de Paris, grâce à cette mobilité, est intéressant pour tous. »