La Planète est en état d'ébullition à l'approche de la conférence de Copenhague (7-18 décembre 2009), où se jouera la signature d'un nouvel accord international pour lutter contre le changement climatique. Depuis déjà plusieurs mois, la communauté internationale de l'eau s'est mobilisée pour rappeler que l'eau était la grande oubliée de ces négociations, alors qu'elle est la première concernée. Des appels ont été lancés depuis la Semaine mondiale de l'eau, à Stockholm, et lors du 5e Forum de l'eau, à Istanbul, où il a été rappelé que des engagements concernant l'adaptation au changement climatique et son atténuation étaient cruciaux pour sécuriser la disponibilité de la ressource en eau, qui est primordiale à notre développement et à la vie des écosystèmes.
La France ne doit pas croire qu'elle est à l'abri de cette évolution, comme le montre le dernier rapport de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) : un déficit de 2 milliards de mètres cubes d'eau par an est à prévoir à l'horizon 2050, soit 14 % des prélèvements actuels de l'industrie, de l'agriculture et de l'alimentation en eau potable. Les zones les plus touchées seraient celles déjà concernées par des déficits structurels, comme le Grand Sud-Ouest. L'ONERC craint une multiplication des conflits d'usage, une dégradation de la qualité des eaux et une perturbation des écosystèmes aquatiques. La gestion de la demande et des besoins en eau aura donc un rôle grandissant à jouer, comme les économies d'eau, l'évolution des techniques d'irrigation agricole et le développement de ressources d'eau alternatives. Sur ce dernier point, on voit déjà se multiplier les projets de recyclage des eaux usées (lire p. 20 et p. 54), et cela malgré l'absence d'une réglementation sur le sujet.
Les derniers échos avant la conférence de Copenhague font craindre l'échec d'un accord qui est pourtant nécessaire pour aller plus loin dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). De leur côté, les services d'eau et d'assainissement ont bien conscience de ne pas faire partie des plus gros émetteurs : leurs émissions représentent « moins de 1 % des émissions totales françaises pour les deux services (eau et assainissement) contre, par exemple, 27 % pour les transports », souligne le guide Astee-Ademe (1) publié en juin dernier. Pour autant, on ne peut que saluer leurs engagements à participer à cette lutte - comme le montre le projet de construction de la première station d'épuration au bilan carbone neutre (lire p. 20) - et qui apportent leur contribution à l'engagement français de réduction d'un « facteur 4 » des émissions de GES d'ici à 2050.