« Il va y avoir des morts... » C'est en substance le cri d'alarme lancé début octobre à Montpellier par les soixante-six entreprises du réseau de la filière eau Swelia, réagissant à une baisse continue et qualifiée de dangereuse du niveau des prix dans les réponses aux appels d'offres publics.
« Si certains voient des avantages à des appels d'offres "économes", la filière donne des signes d'essoufflement graves », souligne Claude Allet, président du directoire de BRL. La baisse de près de 50 % des travaux d'aménagement liés au privé dans une région en développement rapide a provoqué une affluence des candidats dans les appels d'offres publics. Et la surenchère à la baisse, encouragée par les critères de choix des maîtres d'ouvrage reposant trop souvent sur le seul moins-disant, sans tenir compte des critères de qualité comme le code des marchés publics l'autorise. Qualité des travaux et sécurité sur les chantiers en pâtissent, et c'est une vision « à courte vue », qui va aboutir à la disparition d'emplois et de PME.
« Nous faisions 6 % de marge nette, affirme Guy Bessière, président de l'entreprise éponyme et du réseau Swelia. Aujourd'hui, nous les mangeons, et consentons des rabais de 20 %. Nous ne pouvons plus alimenter nos trésoreries, et nous ponctionnons sur nos réserves et nos fonds propres. Et ce sont les 75 % de PME qui réalisent 25 % des travaux qui risquent de disparaître. Nous supprimons déjà les CDD, l'intérim... Et un emploi chez nous entraîne deux autres emplois dans la chute, puisque nous ne renouvelons plus le matériel. »
Alors Swelia tente de sensibiliser les maîtres d'ouvrage, les banques... Avec Dexia, la Caisse des dépôts, la Caisse d'Epargne, l'agence de l'eau, certaines collectivités, ils se retrouvent régulièrement et travaillent sur quelques pistes : prêts bonifiés pouvant multiplier les investissements par deux sans toucher au prix de l'eau, « sortir de la dictature du taux de subvention unique », ne pas prendre comme critère la seule offre de prix, mais utiliser tous les ressorts du code des marchés. Ils vont publier en novembre un Plan d'action pour un investissement durable dans le domaine de l'eau. En comptant d'ici là les pertes d'emploi qui se dessinent.