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Chaires industrielles

LA RÉDACTION, LE 1er NOVEMBRE 2009
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Bioplastiques, captage et stockage du CO2, modélisation mathématique et biodiversité, eau pour tous... en juin dernier, rien de moins que quatre nouvelles chaires industrielles ont été inaugurées sur des thèmes environnementaux. Dans la foulée, à la rentrée, ont démarré tous azimuts les premières promotions. L'École nationale du génie de l'eau et de l'environnement de Strasbourg ( Engees), Mines ParisTech, Agro ParisTech ou le pôle de recherche et d'enseignement supérieur UniverSud Paris ont ouvert à leurs étudiants des mastères spécialisés, des mastères internationaux ou des modules insérés à la formation d'ingénieurs. Dans les laboratoires de ces établissements, des thèses ont démarré sous la houlette d'enseignants-chercheurs titulaires des chaires, souvent recrutés à l'international pour leur expertise sur le sujet. La machine « chaire » est en marche. En France, depuis deux ans, ce nouveau type de partenariat entre établissements d'enseignement supérieur et industriels est en pleine émergence. Des dons privés - défiscalisés à hauteur de 60 % au titre de la loi sur le mécénat des entreprises - sont utilisés pour financer des programmes de recherche et de formation portés par les grandes écoles ou les universités. « Le modèle nous vient d'Amérique du Nord où de généreux mécènes ont financé par ce biais de nombreuses universités prestigieuses. En France, c'est un mécénat par flux financiers annuels qui s'est imposé, il y a quatre ou cinq ans, avec l'apparition des premières chaires dans les écoles de commerce. Les écoles d'ingénieurs ont suivi le mouvement, rejointes plus récemment par les universités de renom comme Sciences po ou Dauphine », analyse Benoît Legait, directeur de l'École des mines ParisTech. Depuis 2005, date de sa première chaire sur la sécurité industrielle, l'école a lancé onze chaires d'une durée de cinq ans, soit une entrée de 3,2 millions d'euros an. « Nous avons déjà dépassé nos objectifs, qui ciblaient cinq à dix chaires à l'horizon 2011, mais nous n'avons pas d'ambition démesurée. Notre socle de travail reste la recherche contractuelle (30 millions par an). La chaire est plus spécifique ; c'est un partenariat de long terme qui nécessite une gestation importante, souvent plus d'un an de préparation, et qui ne prend tout son sens qu'en réponse à un sujet valorisant le trio recherche, industriels, formation », souligne Benoît Legait. Chaque chaire est alors une variation sur ce socle triangulaire : s'appuyant sur un seul industriel ou sur un consortium, sur une école d'ingénieurs ou sur un pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres), l'une privilégiera la recherche, l'autre la formation. D'un mouvement lancé en 2003, l'École polytechnique en est actuellement à sa vingtième signature. « Nous sommes aujourd'hui plus attentifs au respect de l'équilibre entre enseignement et recherche, alors qu'au début la dimension enseignement n'avait pas forcément toute sa place, analyse Yves Gnanou, directeur général adjoint à l'enseignement de l'École polytechnique. Globalement, la création d'une chaire part le plus souvent du constat dressé par les industriels d'un déficit de ressources humaines dans un secteur soumis à un marché tendu. » C'est dans ce sens que l'École des mines de Nantes a créé en 2009 sa première chaire sur la gestion des déchets nucléaires, en collaboration avec l'Andra, EDF et Areva. « Elle s'accompagne d'une formation spécialisée d'un an dont six mois de stage, centrée sur l'aval du cycle du nucléaire, et s'adresse aux managers désirant se spécialiser et aux jeunes diplômés de niveau mastère », souligne Catherine de Charrette, qui pilote les partenariats à l'École des mines de Nantes. Pour compléter cette expertise, deux nouvelles chaires sont programmées à l'horizon 2010 : l'une sur les réacteurs de nouvelle génération, l'autre sur la sûreté et l'organisation. À la différence des contrats de recherche classiques comme les appels à projets européens et ceux de l'Agence nationale de la recherche ( ANR), les contrats-cadres ou les bourses Cifre, les chaires se distinguent par une visée non finalisée et un cadre de travail plus libre. « La défiscalisation des chaires implique de facto un travail hors du champ de la recherche compétitive. Le laboratoire dispose de la propriété intellectuelle des résultats et a vocation à publier au maximum pour partager les efforts de recherche public-privé », souligne Denis Clodic, titulaire de la chaire captage, transport et stockage de CO2 à l'École des mines ParisTech. Elles ont également tendance à s'inscrire sous l'angle de l'interdisciplinarité. « Nous associons de manière originale des thèses en sciences physiques et sociales. C'est une particularité que nous valoriserons en séminaires de restitution internationaux (en Norvège, aux États-Unis) et dans le mastère franco-chinois en lien avec la chaire », souligne Denis Clodic. De leur côté, les mathématiciens de l'X et les biologistes du Muséum national d'histoire naturelle se sont réunis autour d'une thématique émergente de modélisation mathématique appliquée à la biodiversité. « Veolia, qui s'est dotée en interne d'un secteur de modélisation, a bien senti l'intérêt de soutenir cette synergie de recherche », observe Sylvie Méléard, titulaire de la chaire à Polytechnique. Autre particularité des chaires, leur durée : quatre à cinq ans en moyenne, alors que la majorité des contrats de recherche tournent autour d'un à trois ans. Une durée suffisante pour lancer une ou deux générations de thèses et insuffler une certaine sérénité financière aux laboratoires. « Cela nous change des financements de l'ANR incompatibles avec la stabilisation des équipes. La chaire, elle, permet de faire tourner les labos en embauchant du personnel - thèses, post-doc ou ingénieurs de recherche ayant des compétences très particulières pour maintenir l'outil de modélisation à niveau et pouvant disposer d'un contrat de longue durée (cinq ans) évitant le statut précaire auquel on se résigne avec d'autres formes de financement », juge Jean-Charles Hourcade (ParisTech), titulaire de la chaire de modélisation prospective au service du développement durable. Pour les industriels, une chaire reste une implication financière importante, 300 000 euros par an en moyenne. C'est également une implication humaine dans les comités de pilotage et d'orientation des programmes de recherche. Mais c'est surtout une formidable porte d'entrée sur le monde de la recherche et sur la formation des étudiants. Le groupe Saur participe à la chaire d'éco-innovation d'UniverSud lancée en 2008. « Nous prenons des stagiaires dans le cadre du mastère international de la chaire avec l'intention d'engager à terme des managers capables d'appliquer cette culture de l'innovation dans nos différents métiers, de l'ingénierie aux ressources humaines », admet Fabrice Nauleau, directeur recherche et développement du groupe. Mais ce qui motive par-dessus tout Saur, c'est bien de côtoyer de plus près le pôle de recherche et d'enseignement. « Par ce biais, nous avons accès à 20 % de la recherche française. C'est un privilège inespéré pour élargir nos pistes de recherche et aller chercher l'innovation. D'ailleurs, l'une des premières choses que nous avons demandée en intégrant la chaire, c'est une cartographie de s laboratoires d'UniverSud, pour pouvoir s'y repérer et nouer les bons contacts. » En marge de la chaire, Saur a déjà signé une convention de recherche sur des procédés de récupération de l'indium dans les écrans plasma. Autre participant actif, EDF qui soutient aujourd'hui une dizaine de chaires en France. « Face aux enjeux énergétiques actuels, nous avons besoin que la formation des étudiants soit mieux adapté à nos besoins de recrutement, analyse Pierre-Louis Viollet, directeur adjoint de la recherche et du développement chez EDF. Avoir une chaire au sein d'une grande école, c'est clairement un gain de visibilité pour attirer plus d'étudiants vers un doctorat sur des sujets énergétiques porteurs. » Même logique chez Total, également important pourvoyeur de fonds dans les chaires - treize dont huit en France. « L'idée est bien d'offrir aux étudiants la possibilité de suivre un enseignement pointu, nourri par la recherche. La chaire est également un lieu d'échanges entre chercheurs et industriels qui favorise une lecture transversale des sujets et s'enrichit de la complémentarité des points de vue entre acteurs privés, considère Jean-François Minster, directeur scientifique de Total. C'est une logique de progrès collective. » « La chaire de modélisation prospective au service du développement durable va aider les industriels à mieux comprendre les enjeux du Giec et à faire un meilleur usage des informations des modèles économiques », précise Jean-Charles Hourcade. « Et nos cadres seront sensibilisés en interne à l'évolution des modèles », souligne le responsable de Total. Dans la chaire sur les bioplastiques, cinq industriels sont réunis autour d'un intérêt commun, l'émergence de la filière. « Nous pouvons croiser nos différentes contraintes industrielles très en amont et en tenir compte dans l'orientation des thèses financées par la chaire, précise Claude Le Pape, directeur du portefeuille technologique chez Schneider Electric. Ce type de partenariat à long terme s'adapte mieux à des sujets qui ne sont pas encore stratégiques, pour lesquels tout le monde a le même intérêt à voir évoluer la science. » En attendant, Arkema, le seul chimiste de la chaire, ne serait pas fâché de voir tomber quelques résultats dans son activité. À l'opposé, dans la chaire d'écoconception portée par le Pres ParisTech, Vinci est le seul partenaire privé. « C'était le montage le plus facile pour démarrer rapidement, mais si d'autres entreprises désirent nous rejoindre et amener leur expérience, la structure est ouverte », précise Christian Caye, délégué au développement durable chez Vinci, qui investit 3 millions d'euros sur cinq ans sur ce partenariat. « La profession manque de publications scientifiques, de résultats opposables aux tiers. Un déficit que nous ne pouvions combler sans passer pour juge et partie, d'où la nécessité de financer la recherche, souligne le représentant du groupe. La chaire permet cette coproduction public-privé au service de la connaissance. » En 2009, Suez environnement a également fait son entrée sur la scène, via deux chaires financées en solo. La première menée avec l'Engees concerne la prise en compte du management de projets sur l'eau et les déchets dans les formations des étudiants, avec une priorité aux ingénieurs. Eau pour tous, créée avec ParisTech, s'adresse quant à elle à des cadres déjà en poste à l'international, notamment dans les pays émergents, et désireux d'approfondir leurs connaissances du management dans le secteur de l'eau et de l'assainissement. Pour Laurent Tedeschi, directeur à la gestion des carrières chez Suez environnement, « la démarche est gagnante-gagnante. Nous recherchons indiscutablement un gain en termes d'image et de recrutement et les écoles bénéficient en retour de financements pour la recherche et d'outils de formation en phase avec la réalité opérationnelle de nos métiers ». Un point de vue partagé par Claude Bernhard, directeur de l'Engees. « Historiquement, notre établissement était très orienté vers la fonction publique d'État. Mais face au désengagement de l'État en ingénierie territoriale, nos diplômés se sont majoritairement tournés vers le privé. Nous devions répondre à cette mutation par un renforcement de nos liens industriels ; la chaire s'est finalement imposée comme la réponse la plus aboutie pour établir un lien privilégié avec une entreprise partenaire. » L'avenir des chaires sera-t-il à la mesure du phénomène actuel ? Difficile de le prédire. Comme l'observe Yves Gnanou, « la dynamique des chaires est influencée par l'évolution de leurs sujets. Certaines devront être prolongées, d'autres auront atteint leur but en cinq ans ». Mais en tissant un nouveau lien public-privé, l'outil a déjà trouvé sa place.


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