Plusieurs installateurs de dispositifs de récupération de l'eau de pluie pour les particuliers ont disparu récemment ou ont été rachetés, y compris parmi les entreprises les plus anciennes. Notamment Skywater, 2Eaux, ou encore Eaux de France, société créée en 1996, qui a été liquidée en octobre 2009. Eaux de France a été reprise par la jeune holding Arch, qui décline son activité dans plusieurs domaines du bâtiment ( Axo construction, Axo bois, Ax'énergie, etc.). Is'eau, pour sa part, perd 20 % de son chiffre d'affaires par an depuis deux ans. Et d'autres petites entreprises récentes ont aussi disparu. Les causes sont à la fois communes et diverses, tant ce secteur regroupe de petites entités disparates. Le facteur conjoncturel commun est la crise de l'immobilier « fatale à de nombreuses entreprises », selon le Syndicat national des acteurs de la récupération d'eau de pluie (Snarep), car ces installateurs interviennent à 80 % sur des constructions neuves. Un aspect plus structurel est lié à la taille de ces entreprises qui ont une capacité de financement réduite. « Ces deux dernières années, la concurrence s'est fortement développée et a fragilisé beaucoup d'entreprises. La progression de ce marché est lente. Or beaucoup d'entreprises ont investi dès leur création en croyant qu'il allait se développer aussi rapidement que celui du solaire », note Bertrand Gonthiez, directeur d'Aquavalor, distributeur de matériel pour les installateurs. Quelques-unes ont également fait les frais d'une mauvaise gestion interne. DES USAGES BALBUTIANTS Si certaines ont pu tirer parti de la nouvelle réglementation (arrêté du 29 août 2008) qui clarifie les usages de l'eau de pluie dans l'habitat (autorisation pour les toilettes et le lave-linge), d'autres qui allaient plus loin dans le traitement de l'eau (salle de bains, cuisine, potabilisation) en ont au contraire pâti. De plus, selon Bertrand Gonthiez, « le crédit d'impôt de 25 % seulement et le côté restrictif de la loi qui demande un contrôle régulier de l'installation n'encouragent pas vraiment les installations ». Enfin, de plus en plus de professionnels du bâtiment (plombiers, terrassiers, etc.) se forment aux techniques de récupération de l'eau de pluie pour répondre directement aux demandes de leurs clients. Une certification nommée Qualipluie, gérée par l'association Essordurable depuis 2007, a d'ailleurs été mise en place par la Chambre nationale de l'artisanat des travaux publics et du paysage ( CNATP).