L'eau alimentant les canaux du nouveau quartier d'Orestad à 5 kilomètres au sud du centre-ville de Copenhague, au Danemark, ne tombera pas du ciel. Du moins pas directement : elle franchira aussi des ouvrages de filtration avant de clapoter sous les pieds des passants. Les canaux « donneront son identité à ce quartier et auront un usage récréatif. Cela explique les efforts de filtration », précisait Marina B. Jensen, chercheuse à l'université de Copenhague, lors d'une conférence à Novatech en juin 2010.
La municipalité a fixé les taux de pollution pour ces eaux : MES à 25 mg/l, zinc à 110 µg/l, cuivre à 12 µg/l, chrome à 10 µg/l, plomb à 3,2 µg/l et phosphore à 100 µg/l. Cela impose une approche différenciée : les eaux provenant des toits s'écouleront directement dans les canaux, celles ayant ruisselé sur les routes ou les parkings seront traitées. Et pour que ces dernières atteignent les normes fixées, l'équipe de Marina B. Jensen a testé un système de double filtration. Deux couches de porosité différente (plus grande au-dessus, plus faible en dessous) sont accolées. L'étage supérieur, composé d'une membrane haute porosité en nylon, n'a pas un rôle filtrant ; les particules de plus de 50 µm sont arrêtées par un filtre à grille situé avant le double filtre, et les particules plus petites sont piégées à l'étage inférieur du double filtre par sédimentation. Cet étage contient un matériau filtrant à base de carbonate de calcium en grains de 1 à 3 mm de largeur. Les pilotes qui ont été testés par l'université contenaient, l'un six doubles filtres superposés, l'autre dix-huit. La longueur totale des filtres était de 50 mètres. Ils traitaient à eux deux les eaux provenant de 1,3 hectare de routes.
NORMES ATTEINTES
L'efficacité de la filtration a été confirmée par l'analyse d'échantillons prélevés tout au long des pilotes, lors de vingt-cinq événements pluvieux. L'abattement de la pollution a été bon, permettant d'atteindre les normes fixées, à part pour le cuivre et pour le chrome lors de certains événements. Les matières en suspension ont subi un abattement de 91,5 % avec le système à six doubles filtres, et de 98,5 % avec celui qui en contenait dix-huit. Ce dernier « filtre les particules de taille supérieure à 1 µm », note Marina B. Jensen.
Pourtant, après deux ans, le système a eu tendance à se colmater. L'université travaille donc aujourd'hui à améliorer son fonctionnement et envisage de diviser le filtre en deux. Les grosses particules seront d'abord décantées dans un premier filtre ne contenant pas de carbonate de calcium. Suivrait un double filtre contenant ce matériau filtrant, pour arrêter les particules plus petites tout en limitant le colmatage.