Pionnière sur le sujet, l'agence de l'eau Artois-Picardie lance son programme eau et agriculture (PEA). Ce programme d'aides élaboré avec les chambres d'agriculture veut parer au manque d'adhésion des exploitants agricoles aux mesures agro-environnementales (MAE) inscrites dans le programme de développement rural hexagonal. « En France, les MAE ciblées sur l'eau marchent globalement mal, soit parce qu'elles sont jugées comme trop perturbantes sur les pratiques, soit parce qu'elles ne sont pas assez incitatives, explique Olivier Thibault, le nouveau directeur de l'agence. Sur notre bassin, l'engagement à la parcelle que fixent les MAE représentait un vrai frein pour les agriculteurs. En le réorientant sur la culture, le PEA devrait lever de nombreuses réticences. » Approuvé en juillet dernier par l'Union européenne, ce programme structuré autour de trois mesures (développement de la protection intégrée en blé, diminution de l'utilisation des pesticides sur le maïs, les betteraves et les légumes et création de couverts herbacés) vise, d'ici à 2012, au moins 1 500 agriculteurs situés sur des zones où existe un enjeu sur l'eau potable (50 000 hectares). Des contrats quinquennaux leur seront proposés pour un budget total de 40 millions d'euros. « En axant ces aides sur les zones sensibles (zones humides, bassins-versants des captages), nous voulons réconcilier agriculture productive et protection des captages. » L'agence de l'eau, qui a clôturé le premier appel à projets du programme le 1er octobre, prévoit d'engager 13 millions d'euros en moyenne par an sur les trois années à venir. À comparer aux 4 millions consommés par les MAE cette année, au 1 million l'année dernière et aux 500 000 euros l'année précédente.