C'est en Afrique qu'il est né, en 1957, à Abidjan (Côte-d'Ivoire), et pour lui ce n'est pas anecdotique. « J'y suis resté jusqu'à l'âge de dix ans et je garde toujours des liens là-bas. Cet élément a déterminé tout le cours de ma carrière », confie Jean-Michel Severino. Effectivement, durant toute une partie de sa vie, il n'aura de cesse de travailler avec l'Afrique. D'abord formé à Sup de Co Paris, il s'intéresse rapidement aux politiques publiques. Il sort de l'École nationale d'administration (ENA) comme inspecteur des finances et intègre le cabinet de Jacques Pelletier en 1988, au sein du ministère de la Coopération et du Développement, où il restera huit ans. « Pour moi, c'est une étape importante, une première concrétisation de mes objectifs professionnels. » Mais il se rappelle aussi de cette période comme d'un « combat politique entre vieille Afrique et nouvelle Afrique ».
Du coup, il décide volontairement de rompre avec les questions africaines. Il part en 1996 à Washington, où il intègre la Banque mondiale. Deuxième étape importante de sa carrière. Il y restera six ans en tant que directeur pour l'Europe centrale, puis vice-président pour l'Asie de l'Est.
Troisième période : le retour. « Ma femme rentre en France en 2000 et je choisis de la suivre », raconte-t-il. Il est alors nommé en 2001 directeur général de l'Agence française de développement (AFD), jusqu'à fin 2009. « J'estimais qu'un bail de neuf ans était suffisant », avoue-t-il. Il est alors sollicité par le Partenariat français de l'eau (PFE) pour en devenir le premier président, après élection en juin dernier. « L'AFD est un acteur des forums mondiaux de l'eau et finance le PFE. Je ne découvre donc pas vraiment le sujet. D'autant plus que les politiques de l'eau sont indissociables de celles du développement. Je souhaite faire avancer la cause de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement et structurer ce secteur particulièrement important. »
Créé en 2007, le PFE rassemble 110 acteurs français de l'eau intervenant à l'international. Devant une reconnaissance grandissante et la nécessité de structurer son action, le PFE adopte une nouvelle charte en 2009 qui prévoit pour la première fois une présidence. Le premier objectif du nouveau président est la préparation du sixième forum mondial de l'eau qui aura lieu à Marseille en 2012. « Il ne s'agit pas seulement d'échanger, mais de proposer des solutions concrètes dans la même logique participative que le Grenelle de l'environnement, indique-t-il. La reconnaissance du droit à l'eau comme droit fondamental doit permettre de cristalliser les énergies lors de ce forum et d'obtenir une coalition de tous les acteurs pour dégager un accord sur les modalités de financement et les pratiques professionnelles. »
Par ailleurs, il faut déjà penser à alimenter les débats du Sommet Rio +20. Ainsi, dès 2011, la réflexion du PFE se portera vers l'économie verte. Mais l'Afrique reste dans ses pensées, Jean-Michel Severino venant de lui consacrer un ouvrage intitulé Le temps de l'Afrique.