L'affaire, qui se poursuit devant les tribunaux, avait fait grand bruit dans le Landerneau de l'eau : une série de trois bassins tout neufs, juridiquement pas encore réceptionnés, n'avait pas résisté à une crue décennale alors que ces bassins avaient été conçus comme réponse à une crue centennale survenue dix ans auparavant. Fin 2001, la rupture d'une digue en amont avait entraîné celle du déversoir de l'ouvrage central, puis le remplissage total du bassin aval situé à la confluence des deux rivières et dont la digue avait à son tour cédé par érosion interne.
Confiée aux entreprises Vinci/Richert et Albizzati sous maîtrise d'oeuvre de Safège et avec l'assistance à maîtrise d'ouvrage d'ISL, la reprise intégrale du dispositif répond à plusieurs impératifs : « Capacité de réaction quasi instantanée compte tenu de la proximité des sources qui laisse cinq minutes entre la station de mesure et la prise d'eau ; débit de prélèvement le plus constant possible ; gestion des risques de contournement de la prise d'eau ; dimensionnements et matériaux visant à une sécurité maximale compte tenu du traumatisme vécu par les communes inondées », expose Michel Estienne, directeur général adjoint du conseil général.
CLAPET AUTOMATIQUE ET VANNE MURALE
L'opération s'organise en trois volets majeurs : réfection complète des prises d'eau, reprise des déversoirs, redimensionnement et étanchéification des digues. Au niveau des prises d'eau, un clapet s'ouvrira automatiquement lorsque le niveau en rivière se situera entre la crue décennale et la vingtennale. Un dalot doit garantir l'entrée à débit quasi constant et l'équilibre des prélèvements entre les deux rivières, la Savoureuse et la Rosemontoise, situées à des altimétries différentes. De plus, une vanne murale stoppera l'entrée d'eau en cas de problème quelconque et une grille de protection sera posée en amont. Au total, le débit en aval des bassins sera diminué de 40 m3/sec, ce qui devrait décaler d'un cran la fréquence des crues : la centennale devenant cinquantennale, etc.
Le net sous-dimensionnement des déversoirs avait constitué une cause majeure du dysfonctionnement de 2001. La largeur de 35 mètres sera plus que doublée pour être portée à 75 mètres, de façon à ce que la lame de surverse n'excède pas 25 cm, même dans les cas de crues les plus importantes - les simulations ont porté jusqu'à celles qui ont une chance sur dix mille de survenir.
UN NIVEAU EXTRÊME DE SÉCURITÉ
Autre facteur décisif de rupture il y a dix ans, la perméabilité des digues sera résorbée par une couche d'argile de plusieurs mètres (140 000 m3 seront apportés), solution préférée notamment à la géomembrane, jugée moins opérante sur des ouvrages qui ne seront pas en permanence en eau comme dans le cas présent, et à la durée de vie limitée. La perméabilité visée est de 10-8. La hauteur de crête sera relevée de 3 mètres et la revanche portée à 85 cm : un niveau extrême de sécurité puisque correspondant à un ouvrage en eau en permanence.
Le coût de 10 millions d'euros devrait rester nul au final pour le conseil général. Le département prévoit un solde de 2 millions d'euros à sa charge, après cofinancement des améliorations par l'État (fonds Barnier) et l'Union européenne (fonds Feder) et paiement des 4,3 millions d'euros qu'il attend des jugements prochains contre les auteurs des bassins défectueux, Sogreah, DTP et Veritas, désignés responsables par le rapport d'expertise de mars 2010. Or cette somme résiduelle est réunie - sur le papier, en attendant son versement effectif - du fait des dédommagements déjà ordonnés aux entreprises courant 2010 par le tribunal administratif au titre des frais d'assurance et d'expertise.