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Renforcer la sécurité, protéger les hommes

LA RÉDACTION, LE 1er AVRIL 2011
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Les risques sont multiples, dans les stations d'épuration, particulièrement dans les espaces confinés : présence de gaz dangereux, concentration en oxygène parfois trop faible, espace encombré et exigu entraînant un risque accru de chute, de noyade, d'électrocution, etc. Pourtant, en réalisant des visites sur les chantiers, les ingénieurs des caisses chargées de développer la prévention des accidents du travail - Caisses d'assurance retraite et de la santé au travail ( Carsat), caisses régionales d'assurance maladie (Cram), caisses générales de Sécurité sociale CGSS) - et ceux de l'Institut national de recherche et de sécurité ( INRS), ont été frappés par les connaissances parfois lacunaires de certains techniciens, même après formation. « Certains ont une connaissance très réduite des risques liés au gaz : ils savent que l'hydrogène sulfuré (H2S) est dangereux, mais ignorent qu'il peut être létal et qu'il peut se présenter brusquement, lorsqu'il s'est accumulé dans des poches de boue par exemple. D'autres méconnaissent le comportement général à adopter, comme l'obligation d'avoir un surveillant extérieur lors d'une intervention, ou la manière d'utiliser les masques autosauveteurs. Beaucoup ne savent même pas différencier un espace confiné d'un espace non confiné », témoigne Roland Werlé, ingénieur expert assistance conseil à l'INRS. « Souvent, le personnel oublie que le manque d'oxygène présente un risque. Or c'est un cas vicieux, car il n'y a souvent aucun signe précurseur avant le malaise », ajoute sa collègue Annabelle Guilleux. UN RÉFÉRENTIEL COMMUN Face à ce constat, divers partenaires - INRS, FNSA, FP2E, organismes de formation et caisses régionales chargées de développer la prévention des accidents du travail - oeuvrent sur un référentiel commun de formation. Si ce projet était adopté par les partenaires sociaux, réunis au sein du comité technique national C (CTN C) de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), les premières formations pourraient se dérouler dès 2012. Reste à décider d'un éventuel système de validation des connaissances ou d'équivalence pour le personnel déjà formé. À défaut, un engorgement des organismes de formation est prévisible. L'initiative, si elle a un coût pour les entreprises, devrait cependant se révéler utile. Même si de nombreux exploitants rendent obligatoires de telles formations, « aujourd'hui, cette exigence est laissée à l'appréciation des exploitants. Cet outil permettra d'éviter que des personnes passent au travers des mailles du filet », approuve Isabelle Delorme, directrice prévention, santé, sécurité de Saur. La création de ce référentiel s'inscrit dans un processus de prise de conscience de toute une profession, qui, dotée d'équipements de protection, n'était plus assez vigilante face à ces atmosphères dangereuses. L'électrochoc a été le décès de quatre personnes dans un poste de dessablage à Poissy, en 2006. Il a entraîné l'adoption par le CTN C, en 2009, de la recommandation R 447 de la Cnamts, contenant les règles de l'art pour la protection des travailleurs dans les espaces confinés. Une fois entérinée par un CTN, une recommandation est considérée comme approuvée par toute la profession. Depuis l'adoption de la R 447, « les entreprises sont tenues à un minimum en matière de sécurité », note Michel Charvolin, ingénieur-conseil à la caisse d'assurance retraite et de la santé au travail de Normandie. « La recommandation est devenue un document de référence. Lors des contrôles, les agents de l'État peuvent donner des injonctions aux entreprises », explique Roland Werlé, l'un des rédacteurs de la R 447. Ce document rappelle les mesures préalables à toute intervention : évaluation des risques propres à l'espace où doit se produire l'intervention, délivrance d'un permis de pénétrer, impératifs de ventilation afin de rendre l'atmosphère respirable. Ces modalités sont complétées par les préconisations de la brochure Interventions en espaces confinés dans les ouvrages d'assainissement. Obligations de sécurité, éditée par l'INRS et la Fédération nationale des syndicats de l'assainissement et de la maintenance industrielle (lire encadré ci-dessus). Là, ce sont notamment les équipements de protection individuelle ou collective qui sont détaillés. Mais les opérateurs mettent souvent en place des procédures qui s'inspirent de ces deux documents. RENFORCER LA COMMUNICATION Certains opérateurs vont même au-delà de ces procédures. Ainsi, le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne ( Siaap) a adopté une règle plus sévère que la réglementation pour le H2S. Il a décidé de faire évacuer les espaces confinés dès qu'est atteinte la valeur limite d'exposition professionnelle, définie par le ministère chargé du Travail pour une exposition de huit heures et fixée à 5 ppm, et non la valeur limite court terme, fixée quant à elle à 10 ppm. Au-delà de ces procédures, les exploitants ont renforcé leur communication. « Les espaces confinés sont des endroits particulièrement dangereux. Les accidents ont souvent une issue dramatique si les règles d'intervention ne sont pas rigoureusement appliquées. Ces risques sont d'autant plus importants que les dangers qu'ils engendrent sont impossibles à appréhender avec le seul bon sens », souligne Olivier Valognes, directeur sécurité et environnement de Degrémont. D'où l'importance de rappels réguliers. En 2010, Degrémont a lancé une campagne d'information à destination de ses collaborateurs sur les « dix règles d'or » ; l'une d'elles porte sur les espaces confinés. En outre, « à chaque fois que se produit un accident, même en externe, une note d'information est diffusée à tous les employés du groupe en différentes langues. Nous ne ménageons personne sur ce sujet », explique Blandine Huré, coordinatrice sécurité pour la zone Eurasie chez Degrémont. RAPPELER LES CONSIGNES Afin de sensibiliser les techniciens, Saur a instauré des fiches plastifiées, destinées à être emportées dans les voitures de service et rappelant les consignes de sécurité pour intervenir dans un espace confiné. « Une affiche est installée à l'entrée des espaces confinés comprenant ces consignes ainsi que le triangle de signalisation du risque d'asphyxie », décrit Isabelle Delorme. Une précaution qui va dans le sens des recommandations de Michel Charvolin : « Aujourd'hui, je demande à tous les exploitants de signaler à l'entrée d'un espace s'il est confiné, grâce aux triangles de signalisation, mais aussi en toutes lettres. » Autre impératif : s'assurer que les sous-traitants prennent eux aussi ces risques en compte. « Comme exigé dans la réglementation, nous mettons en place des plans de prévention de sécurité (PPS) et des protocoles de sécurité (PS) avec nos sous-traitants », explique Céline Carrier, responsable qualité-sécurité-environnement de Nantaise des Eaux Services. Dans le cadre du PS, le sous-traitant est informé des risques de l'intervention. « Le PS est un accord écrit, dans lequel nous lui demandons aussi de respecter nos procédures de sécurité », précise-t-elle. Dans le cadre du PPS, il s'agit de prévenir les risques qui sont liés à l'interférence entre les activités, les installations et le matériel de l'entreprise demandeuse et ceux de l'entreprise intervenante. Certaines collectivités qui exploitent des équipements en régie tardent encore à élaborer les plans de prévention avec les entreprises auxquelles elles confient des travaux, à en croire Roland Werlé : « Les établissements publics et les collectivités territoriales sont aussi soumis au code du travail... Il est pourtant jusqu'à présent difficile de faire réaliser des plans de prévention aux collectivités urbaines. Heureusement, c'est en train de changer peu à peu. » IDENTIFIER LES ESPACES Ces efforts liés aux procédures et à l'information viennent en complément d'une meilleure conception des stations d'épuration, pour assurer la sécurité des interventions futures lors de l'exploitation. « Systématiquement, nous identifions clairement les espaces confinés dès la conception. Nous réalisons un plan de zonage des dangers de nos installations, qui comprend des zooms sur les espaces confinés sur lesquels sont dessinés les triangles de signalisation correspondants », décrit Blandine Huré. Cela permet d'informer les techniciens, les sous-traitants, les maîtres d'ouvrage. Lors de la conception, « nous cherchons en premier lieu à supprimer les espaces confinés et, lorsque cela est possible, nous évitons d'y installer des équipements. Notre réflexion porte aussi sur la réduction et la sécurisation des interventions qui seront indispensables », complète Olivier Valognes. Ainsi, lorsqu'une maintenance est nécessaire, de plus en plus, ce n'est pas un technicien qui descend mais un appareil qui remonte. Pour cela sont mis en place des palans, des potences, des pompes avec barres de guidage. « Sur les stations plus récentes, des potences et des engins de levage sont installées sur à peu près tous les ouvrages, ce qui n'était pas fait avant. L'entrée en espace confiné devient rare », souligne Céline Carrier. Le fabricant de sécheurs thermiques Andritz peut en témoigner : pour l'usine des Grésillons du Siaap, les ingénieurs « ont prévu, dès la conception, des poutres et des palans pour manutentionner les appareils mais aussi des aires de dépose bien identifiées, afin que ces équipements de levage soient efficients », explique Jean-Jacques Pillet, directeur commercial d'Andritz. Mais cette stratégie ne permettra pas toujours de faire disparaître les interventions en espace confiné. « Immergées dans les eaux usées, les barres de guidage des pompes se corrodent. Si la barre casse, il sera à nouveau nécessaire de descendre », constate Michel Charvolin. Pour ne plus avoir à descendre dans l'espace confiné, on peut installer un maximum d'appareils à l'extérieur. En premier lieu les appareils de contrôle et de mesure. « Nos sécheurs thermiques contiennent plusieurs caméras permettant de visualiser chaque étape. Les caméras sont situées derrière des hublots, à l'extérieur, sauf celles installées dans le mélangeur. Mais même celles-ci, comme l'ensemble des capteurs installés sur le sécheur, sont manutentionnées de l'extérieur. Le graissage du roulement se fait aussi par l'extérieur. Ainsi, il n'est presque jamais nécessaire de rentrer dans le sécheur », remarque Jean-Jacques Pillet. Ce principe s'applique aussi à d'autres équipements, comme les pompes : des pompes sèches, situées à l'extérieur du poste de relèvement, peuvent remplacer les pompes immergées. Quelques collectivités franchissent le pas, malgré le surcoût à l'investissement. SÉCURISER TOUTES LES INTERVENTIONS Une autre préoccupation lors de la conception est de rendre plus sûre l'intervention dans l'espace confiné, lorsqu'elle est indispensable. Cela ne signifie pas qu'il faut faciliter la descente, bien au contraire. « Je lutte pour qu'il n'y ait pas de moyens d'accès fixes aux espaces confinés. S'ils n'existent pas, le technicien s'interroge sur la manière d'entrer et sur la nécessité d'intervenir », plaide Michel Charvolin. Adieu donc les échelles fixes. Surtout à crinoline. Elles sécurisent la descente mais gênent la remontée des personnes en détresse. « En revanche, nous mettons en place des éléments pour fixer les échelles », signale Blandine Huré. D'après Michel Charvolin, le concepteur doit rendre possible l'installation d'un tripode, appareil de levage sécurisant la descente et permettant de remonter les personnes à secourir. Il doit enfin, si possible, prévoir dans chaque espace confiné deux ouvertures afin de faciliter la ventilation. « Ces principes ne sont pas encore rentrés dans les moeurs », regrette-t-il. L'intégration des règles de bonne conception est d'autant moins évidente que les concepteurs doivent convaincre les maîtres d'ouvrage du bien-fondé d'un investissement supplémentaire pour assurer la sécurité des techniciens d'exploitation. Au-delà des collaborateurs de l'entreprise, la sécurité du personnel passe par la sensibilisation des maîtres d'ouvrage.


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