Hydroplus : Il y a cinq ans, vous étiez à l'origine de la création du Cepri. Quelles étaient vos motivations ?
Éric Doligé : Avant l'apparition de notre association, il existait un fossé entre les structures locales et les services de l'État. Le Cepri a comblé ce grand vide. Il est devenu un lieu où l'État et les collectivités se rencontrent pour construire ensemble une politique de lutte contre les inondations. Il permet également le partage des expériences, pour une plus grande efficacité.
H. : Qu'est-ce qui a changé en cinq ans ?
E. D. : Nous avons beaucoup fait évoluer les choses. Nous sommes, par exemple, à l'origine de la transposition dans les délais impartis de la nouvelle directive européenne sur les inondations, grâce à son intégration dans la loi Grenelle 2. Nous avons aussi oeuvré à la création de la commission mixte inondation, que je copréside avec André Flajolet et qui réunit les représentants de l'État, des collectivités, les partenaires associatifs. Il a fallu pour cela convaincre l'État de l'importance d'une concertation en amont.
Nous faisons également évoluer la réflexion sur le risque inondation. Il faut améliorer la résilience des territoires, les aider à reprendre rapidement une activité normale après une catastrophe. C'est une idée qui s'impose peu à peu. La prise en compte du risque d'inondation lors de la rédaction des schémas de cohérence territoriale (Scot) va dans ce sens. Nous avons aussi beaucoup travaillé à définir une méthodologie de calcul du coût des inondations, puis à réaliser des analyses coûts/bénéfices afin d'orienter l'action publique.
H. : Et que peut-on maintenant espérer pour les cinq années à venir ?
E. D. : Il faut poursuivre le travail de fond. Dès que l'on sort de notre cercle d'initiés, il y a un grand vide sur le risque inondation. Pourtant, la prévention des risques n'ira qu'en se complexifiant et la population sera plus exigeante. Bien sûr, la protection qui se met en place aujourd'hui sur les inondations centennales représente un vrai progrès, mais il faudra ensuite passer aux risques de retour 150 ou 200 ans. La nature nous contraint toujours à plus de réflexion, d'investissements et d'efforts.