Plus de 99,9 % de la radioactivité rejetée par le nucléaire provient du tritium, un élément radioactif semblable à l'hydrogène, mais plus lourd. Pourtant, le tritium a longtemps été jugé peu dangereux, car il émet un rayonnement de faible énergie. D'une durée de vie de 12,34 ans, ce n'est pas non plus un radioélément à vie longue. Et même s'il remplace certains atomes d'hydrogène dans l'eau pour former de l'eau « tritiée », on considérait qu'il ne s'accumulait pas dans le corps, une hypothèse remise en cause par des études britanniques1. Un colloque récent de l'Association nationale des comités locaux d'information (Ancli) a fait le point. « L'eau tritiée est vite éliminée du corps humain, mais le tritium lié aux molécules organiques se fixe partout, notamment près de l'ADN. Face aux incertitudes scientifiques, le principe de précaution exige qu'on n'augmente pas ces rejets », explique Monique Sené, présidente du Groupement des scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire.
Pourtant, EDF aimerait obtenir une hausse des rejets autorisés, car elle souhaite augmenter le taux de combustion des centrales, ce qui les accroît automatiquement. Or, les centrales côtoient souvent ces seuils. Quant à l'usine de retraitement de La Hague, elle émet cent cinquante fois plus de tritium qu'une centrale. « L'impact global du tritium est faible, car il est peu radiotoxique, rappelle Pierrick Jaunet, adjoint au directeur de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Même s'il fallait doubler le coefficient de radiotoxicité pour tenir compte des nouvelles études scientifiques, cela ne changerait pas grand-chose aux doses reçues. »
Cependant, l'ASN a lancé en 2008 deux groupes de réflexion sur l'impact environnemental et sanitaire du tritium, et sur les technologies susceptibles de limiter les rejets. Ils devraient rendre leurs recommandations fin 2009. Mais, quels que soient les résultats, il semble difficile, voire impossible, de limiter les rejets. Le tritium est émis lors de la fission, c'est donc un élément fatal, pratiquement impossible à récupérer.