L'avènement de la norme de management de l'énergie Iso 50001 accompagne la montée en puissance d'un Monsieur énergie dans l'entreprise. L'évolution du prix des combustibles modifie profondément le métier. De sujet encore environnemental il y a quelques années, la performance énergétique est devenue un enjeu économique. Conséquence : plus question de se contenter de quelques mesures d'affichage, les maîtres mots du responsable énergie sont optimisation et rationalisation. « J'ai deux missions, précise Michel Da Silva, qui occupe la fonction au laboratoire GSK : travailler sur l'approvisionnement, à travers les contrats ou la recherche de solutions alternatives, et maîtriser les ressources, en travaillant sur les performances du site. »
Pas besoin de se lancer dans de longues études en énergie pour exercer cette profession. « Elle demande un profil de chef de projet, associé à une certaine technicité », estime Arnaud Gheysens, directeur associé de Teeo, une société spécialisée dans la comptabilité énergétique. Ingénieur généraliste de formation, Michel Da Silva confirme. Tout comme Fabrice Bonté, responsable énergie et bâtiment du site de production de Ferrero à Villers Escalles... Précisant qu'on peut aussi avoir suivi, comme lui, un cursus plus technique avant d'acquérir cette casquette de manager. La rationalisation de la dépense énergétique requiert un respect très strict d'étapes de travail : audit, instrumentation, identification des principaux postes de dépense, croisement de données techniques et économiques, définition de feuilles de route cohérentes... Des préconisations qu'il faut ensuite faire adopter. Ce qui n'est pas simple si le responsable énergétique n'est pas reconnu par l'ensemble des services. Pour être efficace, sa fonction doit être transversale dans l'entreprise et son lien avec la direction générale direct.
Pour faire le lien entre la consommation énergétique et l'activité, le responsable énergie doit par ailleurs conjuguer deux approches opposées. Il doit, d'une part, « connaître parfaitement son entreprise pour avoir une idée claire des leviers à actionner », souligne Fabrice Bonté. Et, d'autre part, apprendre « à regarder sans cesse ailleurs. Il faut faire partie d'un réseau et dupliquer sans complexe ce qui fonctionne », estime Patrick Donatin, en charge de l'énergie et des services généraux sur le site de Bosch à Mondeville. Dans ce travail de veille, l'Ademe est un précieux allié. De même que les bureaux d'études et les fournisseurs de solutions innovantes.