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l n'y a que des points positifs ! » Pascal Mauberger, président de l'Association française de l'hydrogène et des piles à combustible (Afhypac), ne tarit pas d'éloge sur la dernière publication de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST). Il faut dire que ce rapport, baptisé « Hydrogène, vecteur de la transition énergétique ? », pourrait avoir été écrit par les industriels eux-mêmes, tant il semble un « copier-coller » de leurs demandes. Les personnes auditionnées sont d'ailleurs essentiellement des chercheurs et industriels du secteur. Le rapport est rédigé par le député Laurent Kalinowski et le sénateur Jean-Marc Pastor, qui est également un acteur de l'hydrogène, puisqu'il a créé en 2007 l'association Phyrennees « afin de promouvoir la filière hydrogène en Midi-Pyrénées ».
Si ce rapport veut évaluer le rôle que pourrait jouer l'hydrogène en tant que vecteur d'énergie complémentaire à l'électricité, on n'y trouve pratiquement aucune analyse économique de la filière. Les personnes interrogées soulignent les diffi cultés de l'hydrogène : coût élevé de production par électrolyse, difficultés de stockage, coût énorme d'un réseau de distribution, rendements médiocres « du puits à la roue » pour le stockage d'électricité…
Néanmoins, les auteurs s'enthousiasment sur le potentiel et souhaitent que l'État organise le développement de la filière, notamment via un « Comité national d'orientation de la filière hydrogène, placé sous l'égide du ministère du Redressement productif ». L'exposé des filières et des techniques est en revanche intéressante. C'est dans le domaine des énergies intermittentes que l'hydrogène peut jouer au mieux son rôle de vec-teur d'énergie. En effet, il se stocke bien. C'est donc un bon candidat lorsque la production d'électricité est plus forte que la consommation. Il pourrait ensuite restituer de l'électricité (avec un rendement total inférieur à 50 %) ou être utilisé directement, par exemple dans les voitures. Car dans les transports, l'hydrogène semble aussi très prometteur aux yeux de l'OPECST. Alors que les véhicules électriques peinent à pénétrer le marché, notamment à cause de leur faible autonomie, il est logique de s'intéresser à ce gaz.
De grands constructeurs prévoient de commercialiser des véhicules à hydrogène d'ici deux à quatre ans, souligne le rapport, qui cite Daimler, Opel, Ford, General Motors, Honda, Nissan, Toyota, Kia et Hyundai. Ce dernier envisage une première commercialisation en 2015. Reste qu'il faut aussi développer un réseau de distribution de l'hydrogène, très coûteux.
Outre l'apport de l'État pour l'organisation de la filière, l'OPECST souligne la nécessité de rendre la réglementation moins contraignante. Mais la principale proposition est financière : « Exonérer, durant une période transitoire, l'hydrogène de toute taxation, à l'exception de celui produit à partir d'hydrocarbures [et] faire bénéficier les installations de production d'hydrogène par électrolyse d'un accès à une électricité détaxé ». L'hydrogène est aujourd'hui produit à 95 % à partir de méthane. En cause, les prix de production : entre 5 et 10 euros le kilogramme pour l'hydrogène issu de l'électricité, au lieu de 2 euros le kilo pour celui produit par reformage du méthane. Avec ces mesures d'encouragement, « le déploiement de l'hydrogène pourrait s'amorcer d'ici à la fin de la décennie », estime Pascal Mauberger.