Fin mai, 500 m2 de panneaux photovoltaïques ont été posés sur huit toitures (quatre privées et quatre publiques) aux Haies, dans la communauté de communes de la région de Condrieu (Rhône). Ils seront raccordés au réseau pour une production de 85 306 kWh par an. C'est le projet le plus avancé parmi les sept en cours en Rhône-Alpes, dans les parcs naturels régionaux (PNR) des Bauges, des monts d'Ardèche, du Vercors et des Baronnies provençales.
Et l'expérience essaime, puisque les premières réunions publiques se sont déroulées dans le Luberon et le Queyras, qui travailleront aussi sur des projets de petite hydroélectricité et d'éolien moyen. « Nous avons essuyé les plâtres pour les territoires qui se lanceront », explique Sophie Badoil, chargée de mission énergie climat du PNR du Pilat.
Difficile, en effet, de monter une centrale photovoltaïque citoyenne associant les collectivités locales ; d'obtenir un prêt bancaire et de monter un business plan alors que les tarifs d'achat changent ; de trouver une assurance pour un chantier composé de multiples sites ; de produire de l'électricité dans un quartier ancien où le réseau est déjà saturé… Dominique Jacques et Noémie Poize, chargés de mission à Rhônalpénergie-Environnement, n'imaginaient pas dans quoi ils embarquaient les PNR en répondant en 2010 à l'appel à projets européen Enerscapes : « Il s'agissait d'impulser une dynamique de projets en milieu rural, en sortant du schéma habituel dans lequel les opérateurs s'implantent en ne laissant que des miettes à la population. » Et c'est ce qui a séduit les élus comme les habitants.
« Nous avons montré qu'il est possible d'impliquer la population dans un projet aux côtés des élus, qui ne sont plus les uniques décisionnaires, se réjouit Vincent Bracco, conseiller municipal de Condrieu et membre de la commission énergie climat du PNR du Pilat, rappelant que cette opération s'autofinance. Elle ne coûte rien à la collectivité. Mais le système français n'est pas adapté à de tels montages, et l'expérimentation a consisté en un énorme travail de défrichement mené grâce aux soutiens technique et juridique de Rhônalpénergie-Environnement. »
« Nous voyons enfin le fruit de nos efforts ! » Hervé Cuilleron, président de la SAS Centrales villageoises de la Région de Condrieu, et retraité de l'encadrement médico-social, insiste sur le fait qu'aucun des membres du conseil de gestion n'est rémunéré. « Preuve est faite qu'un projet collaboratif est viable, sous la forme d'une entreprise qui pourra faire des profits, mais où chaque actionnaire a une seule voix et où l'éthique et la coopération sont de mise. » La SAS est prête à monter d'autres projets : « Il y a du potentiel en géothermie et en biomasse, bien sûr, mais nous avons aussi des idées pour fabriquer de l'énergie avec les déchets. C'est une lame de fond qui nous porte ! »