1 Le gouvernement a lancé un appel à projets pour 200 territoires à énergie positive. Comment l'accueillez-vous ?
L'idée de territoire à énergie positive, ou Tepos, revient au réseau Cler. Nous avons construit cette notion avec les acteurs de terrain, l'Ademe, les régions, etc. Une quarantaine de territoires se sont engagés à suivre notre démarche. Si le gouvernement la reprend, nous ne pouvons que nous en réjouir ! Cela dit, je pressens une difficulté de taille. La rapidité avec laquelle cet appel survient et la manière dont il a été conçu vont créer une grande confusion.
2 Que lui reprochez-vous ?
Les collectivités locales ont jusqu'au 15 novembre 2014 pour déposer leur dossier. C'est trop court. Comment pourraient-elles prendre un tel engagement politique en seulement deux mois ? Et le calendrier annoncé s'arrête en fin d'année. Que se passera-t-il ensuite ? De quoi bénéficieront les lauréats ? Plusieurs Régions ont déjà pris des initiatives sous ce nom ou un autre, par exemple la Troisième révolution industrielle dans le Nord-Pas-de-Calais. Il leur aurait fallu plus de temps pour s'approprier l'appel et le concilier avec leurs propres démarches. Il y a un risque de redondance. Les collectivités, qui entendront parler de plusieurs approches en ordre dispersé, pourraient s'y perdre. D'autant que la définition du gouvernement pour un territoire à énergie positive n'est pas convenable.
3 Pour quelle raison ?
Le projet de loi sur la transition énergétique, en cours d'examen, définit un Tepos comme un territoire visant l'équilibre entre sa production et sa consommation d'énergie, certes en développant les sources renouvelables et l'efficacité énergétique. Mais il faut être beaucoup plus clair ! L'objectif à moyen terme doit être formellement le 100 % renouvelable. Il s'agit de baisser la consommation et de la couvrir par des sources de proximité. La distinction entre zones urbaines et rurales est aussi essentielle. Les premières peuvent réduire leurs consommations et les secondes, leur fournir de l'énergie renouvelable. Pour enclencher des dynamiques locales, l'appel du gouvernement pourrait servir à financer des postes de chargé(e)s de mission. Il en existe déjà en villes, notamment pour réaliser les plans climat énergie territoriaux. Ce sont donc les espaces ruraux qui doivent être ciblés en priorité.