Renaud Lagrave, conseiller régional d'Aquitaine et président du GIP Littoral
Confiant Je ne suis pas guidé dans ma vie quotidienne par la culture du risque, mais en tant qu'élu, je dois faire connaître les risques à ceux qui y sont exposés, en particulier sur le littoral. Et le message passe, car tous les acteurs, scientifiques, élus et associations, ont fait le job. Le débat sur la bande côtière a été public, les tempêtes du début de l'année ont été largement relayées et expliquées par les médias. Du coup, non seulement l'érosion côtière est mieux connue, mais on parle même sans tabou de relocalisation.
Martine Ramel, responsable du pôle risques et technologies durables, Ineris
Raisonnable Je suis très attentive au quotidien aux risques chroniques, mais en même temps mon expertise m'amène à les relativiser.
Par exemple, je sais que le bois énergie est une solution indispensable pour lutter contre le changement climatique et, en même temps, je sais que sa combustion pose des problèmes locaux de qualité de l'air. Chez moi, j'ai donc converti ma cheminée au foyer fermé. Ma démarche est la même sur l'alimentation.
Je suis au courant que les pesticides ont des effets négatifs sur la santé, mais vu les volumes de fruits et légumes que je consomme, le risque est limité. C'est pourquoi je privilégie les circuits courts au bio importé. Il faut chaque fois trouver le bon compromis.
Didier Richard, directeur d'unité de recherche érosion torrentielle et avalanches à l'Irstea
Prévoyant Quand j'ai construit ma maison, il y a vingt ans, j'ai veillé aux risques potentiels. Je crois avoir trouvé un site un peu idéal sur un plateau au-dessus de l'Isère, loin des cours d'eau et des pentes. D'ailleurs les experts se posent souvent la question : « Toi, tu habiterais là ? » pour confronter leur évaluation du risque.
L'analyse des risques en montagne s'appuie en effet communément sur des données provenant de différentes sources, incomplètes voire contradictoires, et pas totalement fiables.
Nous menons d'ailleurs des recherches sur la façon d'exploiter ces informations en fonction de la confiance qu'on peut leur accorder. Mais ça n'est pas une obsession.
Je sais bien que le risque zéro n'existe pas, et j'ai mes propres paradoxes face au risque : je suis motard…
Christophe Chartin, président de Cavités 37
Attentif J'habite une maison troglodyte depuis les années 1990 et je suis naturellement très sensible aux risques d'effondrement.
Dès mon installation, j'ai pris contact avec mes plus anciens voisins qui m'ont appris comment entretenir la maison et limiter les risques. Surveillance de la végétation du toit, badigeons réguliers de chaux et ventilation sont indispensables. Cela n'évite pas tout. Les changements de pratiques agricoles et le remembrement favorisent malheureusement le ruissellement. En revanche, je crois que les risques majeurs de type nucléaire ou Seveso sont bien pris en compte. Mais on sous-estime les risques quotidiens, comme celui de rouler en voiture tous les jours.
Yorik Baunay, directeur d'Ubyrisk Consultants et de Catnat.net
Méfiant Ma formation et mon travail ont complètement déteint sur ma vie. Que ce soit pour ma résidence ou les locaux de l'entreprise en périphérie de Bordeaux, j'ai vérifié qu'ils n'étaient pas en zone inondable. Même pour mes vacances et mes loisirs, je suis vigilant. Je m'informe des lâchers d'eau de barrage quand je fais de la spéléo. Je suis allé jusqu'à consulter la date de construction d'un hôtel aux États-Unis pour être sûr qu'il avait intégré les normes antisismiques.
Curieusement, alors que je ne suis pas très loin à vol d'oiseau de la centrale nucléaire du Blayais, cela ne m'inquiète pas trop.