Qui dit photovoltaïque, dit onduleur. Cet accessoire indispensable transforme le courant continu que produisent les panneaux solaires en courant alternatif. Et comme souvent dans le secteur, l'une des principales causes d'évolution technique est la réglementation. Ainsi, en Allemagne, « depuis deux ans, les onduleurs doivent disposer de fonctionnalités pour favoriser l'équilibre et la fiabilité du réseau électrique », expose Bruno Gaiddon, chargé de projet photovoltaïque à l'association Hespul. « L'objectif du législateur est d'améliorer la qualité du courant photovoltaïque injecté sur le réseau, et donc à terme d'augmenter les capacités d'accueil des énergies renouvelables en limitant les investissements dans le réseau. » Les installations de plus de 30 kW doivent disposer d'une liaison de communication afin que le gestionnaire du réseau connaisse en temps réel la puissance produite et puisse prendre la main pour modifier, voire arrêter la production. De même, tous les onduleurs en Allemagne ont l'obligation de consommer de la « puissance réactive » pour stabiliser la tension du réseau. « C'est une énergie qui n'est pas directement utilisable, mais qui est naturellement produite, explique Bruno Gaiddon. Obliger à la consommer améliore la qualité de la tension. En France, c'est l'inverse : les onduleurs ont interdiction de la consommer. » Autre différence : les onduleurs allemands doivent rester connectés même lorsque le réseau rencontre des difficultés de fonctionnement, par exemple lorsque la fréquence du courant s'écarte de plus de 3 % de celle de référence (50 Hz). En France, ils sont déconnectés dès que cet écart atteint 1 %.
Or, les fabricants d'onduleurs conçoivent les mêmes produits pour tous les pays. Les obligations techniques d'un État s'imposent par conséquent à tous les matériels, et sont activées ou non. La modification d'une législation concerne donc l'ensemble des fabricants. Pour y parvenir, « il y a beaucoup de logiciels dans un onduleur, afin de l'adapter aux spécifications de chaque pays », indique Christoph von Bergen, P-DG de Solarmax.
L'évolution du marché des onduleurs suit par ailleurs celle des installations photovoltaïques : satisfaisante dans les pays où cette énergie est soutenue, comme en Grande-Bretagne, déclinante ailleurs, comme en France. On peut néanmoins relever, parmi les grandes tendances, le développement de micro-onduleurs, ces petits boîtiers collés derrière chaque panneau, au lieu d'un onduleur unique pour toute l'installation. « Les circuits en courant continu sont ainsi très courts. On passe très vite en alternatif, mieux connu des électriciens et plus facile à protéger », observe Bruno Gaiddon. Autre avantage : lorsqu'un panneau est à l'ombre, ou défectueux, il peut être plus facilement séparé des autres, qui fonctionnent à pleine puissance.
Certains constructeurs, comme Kaco New Energy, proposent des « ultra-onduleurs » de 15 à 40 volts, placés derrière chaque panneau, et montés en série pour atteindre la tension du réseau. « Il n'y a aucun composant de puissance, donc les coûts sont bas et la fiabilité plus grande », promeut Georges Makdessi, responsable de la filiale française de Kaco. « Le monitoring est intégré et transmis par courant porteur dans les câbles électriques, d'où des économies de câblage. » Le montant de l'investissement s'avère le critère qui, aujourd'hui, domine tous les autres. Des efforts ont déjà largement été accomplis, avec des prix divisés par trois à quatre en moins de dix ans : auparavant autour d'un euro par watt, ils s'élèvent maintenant à 25 centimes. Si bien que la part de l'onduleur devient minime dans l'installation photovoltaïque. La bataille sur les prix se poursuit âprement.