Près d'un million d'euros : c'est ce qu'a déboursé le crématorium de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) pour se mettre aux normes de qualité de l'air et l'intégrer dans un écrin de verdure. Un investissement lissé dans le temps, faiblement répercuté sur le coût des obsèques, mais que d'autres installations peinent à réaliser. « Surtout les petites et moyennes, précise François Michaud-Nérard, directeur général des services funéraires de la Ville de Paris à laquelle est concédée l'installation. Si bien que sur 167 crématoriums en France, la moitié est mal partie pour respecter l'échéance de mise aux normes pourtant fixée à… 2018 ! » Or, l'enjeu est de taille. Ces installations rejettent en effet de nombreux polluants : du mercure, pointé du doigt dès 1992 par la convention Ospar, des COV et des poussières attribués aux traitements et garnissages des cercueils, dioxine et furane issus des produits de la combustion, etc. Les technologies pour les filtrer existent. Simples mais volumineuses, elles nécessitent des extensions de bâti dont le cabinet Apui architectes s'est fait une spécialité, travaillant au passage l'insertion paysagère des annexes (jardin cinéraire, lieu d'accueil des familles). « Au Père-Lachaise, à Champigny, prochainement à Béthune, des choix intelligents sont aussi faits en termes de récupération de la chaleur des appareils de crémation, soit pour alimenter les locaux du personnel, soit pour préchauffer l'air de combustion. Avec à la clé, une économie de gaz de plus de 20 % mesurée par rapport à une installation classique », motive son fondateur et architecte Jean-Michel Tournoux. Récupérer cette énergie pour alimenter des bâtiments externes ne se pratique pas encore en France. Mais des pays voisins ont franchi ce pas, pour des piscines ou des écoles.