Les compteurs intelligents permettront-ils de faire de réelles économies d'énergie, ou seront-ils un coûteux coup d'épée dans l'eau ? Ces compteurs, comme Linky et Gazpar en France, doivent être déployés dans toute l'Union européenne d'ici à 2020. Pour y parvenir, la Commission européenne a publié un rapport intitulé « Analyse comparative du déploiement de compteurs intelligents dans l'UE-27 visant plus particulièrement l'électricité ». Son objectif est double : dresser l'état des lieux du déploiement des compteurs et formuler des recommandations pour s'assurer de leur efficacité.
Premier rappel, loin d'être superflu : « Les États membres veillent à la mise en œuvre des compteurs intelligents de mesure dans l'intérêt à long terme des consommateurs ». Si l'utilité des compteurs est évidente pour les gestionnaires des réseaux, qui peuvent avec eux ajuster en temps réel l'équilibre entre la production et la consommation, l'intérêt pour les consommateurs n'est pas encore totalement prouvé. C'est pourquoi l'Union européenne (UE) a demandé aux États de mener une évaluation économique des coûts et avantages sur le long terme. Résultat ? Ces analyses ont été positives pour seize États membres1 , négatives ou non concluantes pour sept d'entre eux2 , et manquent pour les quatre derniers pays. L'objectif de l'UE est d'équiper au moins 80 % des consommateurs d'ici à 2020, là où l'évaluation est favorable. À ce stade, la trajectoire est bonne en Finlande, en Italie et en Suède, où 45 millions de compteurs intelligents ont été posés, soit 23 % des installations prévues dans l'UE.
Les quelque 200 millions de compteurs prévus d'ici à 2020 devraient coûter 45 milliards d'euros, soit 200 à 250 euros par compteur, et concerner 72 % des consommateurs européens. L'évaluation des économies d'énergie prévues s'avère, en revanche, assez complexe, car elle prend en compte les taux d'actualisation monétaires, la durée de vie des compteurs, l'estimation des économies… Elle est évaluée en moyenne à 309 euros par foyer, pour des économies d'énergie de 3 %. La Finlande et la Suède ont réalisé de l'ordre de 1 à 3 %. Mais la fourchette est en réalité très large : 18 à 654 euros selon les pays.
La Commission européenne souligne l'importance pour les consommateurs « d'être directement informés des coûts et de faire des choix éclairés sur leurs habitudes de consommation ». C'est pourquoi elle insiste avec force sur quelques points clés : les compteurs devront être munis des fonctionnalités prévues dans la recommandation 2012/148/UE3 afin de garantir l'interopérabilité technique et commerciale, la protection et la sécurité des données, et de permettre des services d'effacement de la consommation. La Commission rappelle la nécessité de mettre en place une stratégie de communication rassurant les usagers, d'une part en leur donnant accès à leurs données de consommation, d'autre part en favorisant le développement de nouveaux services. La clé du succès tient, pour la Commission, dans la confiance des consommateurs, qui doivent donc être informés précisément sur les fonctionnalités des compteurs, les données qui seront collectées, et ce à quoi elles serviront. Son rapport souligne plusieurs fois le besoin d'instaurer un cadre spécifique pour la protection et la sécurité des données.